Traduit par Marius-Joseph Marchetti,
Cette note de service adressée aux membres du Mises Institute a été rédigée à la fin de l’an 1987 et publiée dans The Free Market Reader, LH Rockwell, Jr., éd., 1988, pp. 342-362 et est publiée sur Mises.org dans une édition éditée. Il semblait essentiel de fournir une traduction française à cet article de Murray Rothbard, pour que nos contemporains francophones aient la possibilité d’échapper aux biais habituels qui caractérisent la période de la gouvernance Reagan aux Etats-Unis et puissent avoir un point de vue neuf, loin de celui des opposants comme des partisans du Président Reagan.
“Je viens enterrer les Reaganomics, pas en faire l’éloge.
A quel point les Reaganomics ont-t-il atteint leurs objectifs ? Peut-être que le meilleur moyen de découvrir ces objectifs serait de rappeler les débuts de la première campagne de Ronald Reagan pour la présidence, en particulier avant son triomphe à la Convention nationale républicaine de 1980. En règle générale, Reagan s’engageait à revenir, ou du moins à progresser, vers un système de libre-marché et de « nous sortir le gouvernement du dos ».
Concrètement, Reagan a appelé à une réduction massive des dépenses publiques, à une réduction encore plus drastique de la fiscalité (notamment de l’impôt sur le revenu), à un budget équilibré d’ici à 1984 (le dépensier sauvage, Jimmy Carter, avait accru le déficit budgétaire de 78 milliards en une année, et cela devait être endigué), et à un retour à l’étalon-or, où la monnaie est fournie par le marché plutôt que par le gouvernement. En plus d’un appel à la liberté des marchés intérieurs, Reagan a affirmé son profond attachement à la liberté du commerce international. Non seulement les échelons supérieurs de l’administration portent-ils les marques d’Adam Smith, en l’honneur de ce libre-échangiste modéré, mais Reagan lui-même a affirmé la profondeur de l’influence de Frédéric Bastiat, économiste du laissez-faire du milieu du XIXe siècle. dont les attaques dévastatrices et satiriques contre le protectionnisme se sont depuis lors multipliées dans les lectures économiques.
L’étalon-or était l’engagement le plus facile à prendre. Le président Reagan a nommé une commission aurifère prétendument impartiale pour étudier le problème – une commission massivement remplie d’opposants de longue date à l’or. La commission a présenté son rapport prévisible et l’or a été rapidement enterré.
Examinons les autres domaines importants:
Les dépenses de l’Etat. Dans quelle mesure Reagan a-t-il réussi à réduire les dépenses publiques, un élément essentiel dans tout plan visant à réduire le rôle du gouvernement dans la vie de chacun? En 1980, dernière année où Jimmy Carter gaspilla sans compter, le gouvernement fédéral a dépensé 591 milliards de dollars. En 1986, la dernière année enregistrée de l’administration Reagan, le gouvernement fédéral a dépensé 990 milliards de dollars, soit une augmentation de 68%. Quoi qu’il en soit, cela ne correspond PAS à une réduction des dépenses publiques.
Des économistes avertis disent que ces chiffres absolus sont une comparaison injuste, que nous devrions comparer les dépenses fédérales au cours de ces deux années en pourcentage du produit national brut. Mais cela me semble injuste dans la direction opposée, car plus le montant de l’inflation généré par le gouvernement fédéral est élevé, plus le PNB sera élevé. Nous pourrions alors complimenter le gouvernement pour un pourcentage moins élevé des dépenses réalisées par l’Etat générant de l’inflation en créant plus d’argent. Mais même en prenant ces pourcentages de chiffres du PNB, nous obtenons en 1980 des dépenses fédérales en pourcentage du PNB de 21,6% et, après six ans de Reagan, de 24,3%. Une meilleure comparaison serait le pourcentage des dépenses fédérales consacrées au produit privé net, c’est-à-dire la production du secteur privé. Ce pourcentage était de 31,1% en 1980 et de 34,3% en 1986. Même en utilisant ces pourcentages, l’administration Reagan nous a apporté une augmentation substantielle des dépenses publiques.
De plus, l’excuse selon laquelle le Congrès a massivement augmenté les propositions budgétaires de Reagan ne peut être utilisé. Au contraire, il n’y avait jamais beaucoup de différence entre les budgets de Reagan et ceux du Congrès, et malgré la propagande contraire, Reagan n’a jamais proposé une réduction du budget total.
Les déficits. Le prochain échec, certes le plus embarrassant des objectifs des Reaganomics, est celui des déficits. Jimmy Carter affichait habituellement des déficits annuels de 40 à 50 milliards de dollars et, à la fin, atteignait 74 milliards de dollars; mais en 1984, lorsque Reagan avait promis de parvenir à un budget équilibré, le déficit s’était stabilisé à environ 200 milliards de dollars, un niveau qui semble être permanent, malgré les tentatives désespérées des réductions immédiates.
C’est de loin le plus gros déficit budgétaire de l’histoire américaine. Il est vrai que les déficits de 50 milliards de dollars de la Seconde Guerre mondiale représentaient un pourcentage beaucoup plus élevé du PIB; mais le fait est que c’était une situation temporaire, le produit du financement de la guerre. Mais la guerre s’arrêta quelques années plus tard ; et les déficits fédéraux actuels semblent récemment faire partie intégrante, mais toujours de manière permanente, du patrimoine américain.
L’une des curiosités les plus étranges et les moins édifiantes de l’époque Reagan fut de voir les Reaganites [partisans de Reagan] changer complètement leur façon de vivre. Au tout début de l’administration Reagan, les républicains conservateurs à la Chambre des représentants, convaincus que les déficits disparaîtraient immédiatement, subirent un choc terrible quand l’administration Reagan leur a demandé de voter pour l’augmentation annuelle habituelle de la limite légale de la dette. Ces républicains, certains littéralement avec les larmes aux yeux, ont protesté que jamais dans leur vie ils n’avaient voté pour une augmentation de la limite de la dette nationale, mais ils le firent cette fois car ‘ils « avaient confiance en Ronald Reagan » pour équilibrer le budget par la suite. Le reste, hélas, est l’histoire, et les Républicains conservateurs n’ont jamais jugé bon de pleurer à nouveau. Au lieu de cela, ils se sont trouvés en train de s’adapter assez facilement à la nouvelle ère d’énormes déficits permanents. La loi Gramm-Rudman, censée éradiquer les déficits dans quelques années, est maintenant sans surprise enlisée dans une confusion persistante.
« Les Reaganomics furent une coalition mal à l’aise et changeante de plusieurs écoles de pensée économique en conflit. Plus précisément, les principales écoles ont été les keynésiens conservateurs, les monétaristes de Milton Friedman et les pionniers de l’économie de l’offre. »
Moins édifiant encore était le spectre des Reaganomistes [les économistes partisans de Reagan], qui ont dénoncé les déficits – cet héritage du keynésianisme – depuis des décennies. Bientôt, les économistes Reaganites, en particulier ceux qui occupaient des postes économiques dans les branches exécutive et législative, considérèrent que les déficits n’étaient finalement pas si graves. Des modèles ingénieux furent conçus prétendant prouver qu’il n’y avait pas vraiment de déficit. Bill Niskanen, du Conseil des conseillers économiques de Reagan, se présenta, peut-être, avec la découverte la plus ingénieuse: qu’il n’y avait aucune raison de s’inquiéter des déficits publics, car ils sont compensés par la croissance de la valeur des actifs publics. Eh bien, hourra, mais il est plutôt étrange de voir des économistes dont l’objectif présumé est une réduction drastique du rôle du gouvernement encourager une croissance toujours plus grande des avoirs publics. De plus, la taille des actifs du gouvernement est réellement hors de propos. Il ne serait intéressant que si le gouvernement fédéral était juste une autre entreprise privée, sur le point d’être mise en liquidation, et dont les débiteurs pourraient alors se contenter de la liquidation de ses actifs. Le gouvernement fédéral n’est pas sur le point d’être liquidé; d’ailleurs, il n’y a aucune chance qu’une institution qui ait le droit légal d’imprimer toute la monnaie dont elle ait besoin fasse faillite ou soit liquider -comme toute autre personne qu’elle favorise – hors de tout crash financier.
Il y a eu également une retour vigoureux de cette ancienne idée de gauche et du keynésianisme selon laquelle « les déficits ne comptent pas, de toute façon ». Les déficits sont stimulants, nous pouvons nous «sortir des déficits», etc. La tournure la plus intéressante, mais prévisible, fût celle des économistes de l’offre, dirigés par le professeur Arthur Laffer et sa fameuse «courbe», qui avaient promis que si les taux d’impôt sur le revenu étaient réduits, les investissements et la production seraient tellement stimulés qu’une baisse des taux d’imposition augmenterait les recettes fiscales et équilibrerait le budget. Lorsque le budget ne fût absolument pas équilibré et que les déficits se furent détériorés, les économistes de l’offre ont jeté Laffer dans la fosse, affirmant que Laffer était un extrémiste et le seul défenseur de sa célèbre courbe. Les économistes de l’offre se sont ensuite retirés dans leur position de repli actuelle, qui est franchement keynésienne; les déficits ne comptent pas, de toute façon, alors ayons de l’argent facile et des déficits bon marché; Détendez-vous et profitez-en. La seule phrase keynésienne que les Reaganomistes n’ont pas encore entendue, c’est que la dette nationale «n’a pas d’importance parce que nous nous la devons» et j’attends que quelque sidérurgiste adopte cette fameuse phrase datant de 1930 d’Abba Lerner sans bien sûr, se soucier de l’attribution.
Ronald Reagan a tenté d’user de la rhétorique sur la question du déficit en séparant son discours de la réalité encore plus nettement que d’habitude. Ainsi, l’auteur des plus grands déficits de l’histoire américaine a réclamé avec véhémence un amendement constitutionnel exigeant un budget équilibré. De cette façon, Reagan a pu ouvrir la voie à des déficits permanents de 200 milliards de dollars, tout en se targuant de proposer un amendement budgétaire équilibré et de faire du Congrès le responsable de l’économie déficitaire.
Même dans le cas improbable où l’amendement du budget équilibré aurait été adopté, son effet serait ridicule. En premier lieu, le Congrès peut à tout moment annuler l’amendement par un vote des trois cinquièmes. Deuxièmement, le Congrès n’est pas tenu d’équilibrer les budgets; c’est-à-dire que ses dépenses réelles pour une année donnée ne sont pas limitées par les recettes perçues. Au lieu de cela, le Congrès n’est tenu que de préparer une estimation d’un budget équilibré pour une année future; et, bien entendu, les estimations du gouvernement, même de ses propres revenus ou dépenses, sont notoirement peu fiables. Et troisièmement, il n’y a pas de clause d’exécution; Supposons que le Congrès viole même l’exigence d’un budget équilibré estimé: qu’adviendra-t-il des législateurs? La Cour suprême va-t-elle convoquer des maréchaux et mettre en prison l’ensemble du Congrès américain? Et pourtant, non seulement Reagan a-t-il fait pression pour un amendement aussi absurde, mais il en est de même pour de nombreux supporters Reaganomistes.
Les réductions d’impôts. La fiscalité est l’un des rares domaines où les Reaganomistes prétendent avoir du succès sans embarras. L’administration Reagan, après tout, n’a-t-elle pas réduit les impôts sur le revenu en 1981 et fourni à la fois des réductions d’impôt et une «équité» dans sa loi de 1986 sur la réforme fiscale, dont on parle beaucoup? Ronald Reagan, dans l’opposition, n’a-t-il pas héroïquement gardé le cap contre toutes les augmentations d’impôts?
La réponse est malheureusement non. En premier lieu, le fameux « allégement fiscal » de 1981 n’a absolument pas réduit les impôts. Il est vrai que les taux d’imposition des tranches de revenu plus élevé ont été réduits; mais pour l’individu lambda, les impôts ont augmenté plutôt que diminué. La raison en est que, dans l’ensemble, la réduction des taux d’imposition sur le revenu a été plus que compensée par deux formes d’augmentation des impôts. L’une d’entre elles était le «glissement de la fourchette», l’inflation faisant progresser discrètement mais significativement un individu sur une tranche d’imposition plus élevée, de sorte que vous payez des impôts plus que proportionnellement plus élevés même si le barème d’imposition reste le même. La deuxième source des hausses d’imposition était la fiscalité de la sécurité sociale, qui n’a cessé de croître et qui a contribué à la hausse globale des impôts. Non seulement cela, mais bientôt après; Lorsque le Système de Sécurité Sociale était généralement perçu comme étant au bord de la faillite, le président Reagan fît appel à Alan Greenspan, un Reaganomiste de premier plan et maintenant président de la Réserve fédérale, pour sauver la sécurité sociale à la tête d’une commission bipartite. Le « sauvetage », bien sûr, signifie des taxes de sécurité sociale encore plus élevées et ce pour toujours.
Depuis la réduction d’impôt de 1981, qui ne fût pas vraiment une réduction, en outre, les taxes ont augmenté chaque année depuis, avec l’approbation de l’administration Reagan. Mais pour préserver l’image du président, on ne les qualifia pas comme des augmentations des impôts. Au lieu de cela, des étiquettes ingénieuses leur étaient attachées; la hausse des «frais», «le prélèvement des manques à gagner» (et sûrement tout le monde veut que ces manques soient comblés), le renforcement des modalités exécutives de l’IRS, et même “l’amélioration des recettes”. Je suis sûr que tous les bons Reaganomistes dormirent à poing fermé la nuit en sachant que même si les recettes fiscales du gouvernement s’étaient «améliorées», le président avait gardé le cap contre les hausses d’impôts.
« La politique économique étrangère de Reagan a été l’exact opposé de son dévouement proclamé au libre-échange et aux marchés libres ».
La loi sur la réforme fiscale de 1986, qui avait été fortement critiquée, était censée être à la fois économiquement saine et équitable ; supposément « neutre sur le plan des revenus », il devait nous apporter (a) une simplicité, en aidant le public tout en rendant la vie des comptables et des avocats misérables; et (b) en réduisant l’impôt sur le revenu, en particulier celui des tranches de revenu supérieures et des taux d’imposition marginaux de tous (c’est-à-dire les taux d’imposition sur l’argent supplémentaire que vous pouvez gagner); et compenser seulement en bouchant ces failles infâmes(?). La réalité, bien sûr, était très différente. En premier lieu, l’administration a réussi à rendre les lois fiscales si compliquées que même l’IRS ne les comprend pas, et les comptables et les avocats seront perplexes et heureux pendant les années à venir.
Deuxièmement, bien que les taux d’impôt sur le revenu aient été abaissés dans les fourchettes supérieures, bon nombre d’abrogations de niches fiscales se sont traduites par des hausses d’impôts énormes pour les personnes appartenant aux catégories des revenus supérieurs comme moyens. L’objectif de modification de l’impôt sur le revenu, et en particulier les baisses des taux marginaux, était le but des économistes de l’offre de diminuer les impôts visant à stimuler l’épargne et l’investissement. Mais une étude du Bureau national d’Hausman et de Poterba sur la loi de réforme fiscale montre que plus de 40% des contribuables du pays ont connu une augmentation marginale (ou au mieux le même taux qu’auparavant) et que la majorité des contribuables , seulement 11% ont obtenu des réductions de 10% ou plus. En bref, la plupart des réductions d’impôts étaient négligeables. Non seulement ceci; La loi sur la réforme fiscale, ces auteurs ont estimé, réduirait globalement l’épargne et l’investissement en raison des énormes augmentations des impôts sur les entreprises et des plus-values. De plus, la suppression de la déductibilité fiscale des contributions aux IRA a nui à l’épargne.
Non seulement les taxes ont été augmentées, mais les dépenses de sociétés ont été considérablement augmentés du à la déduction de seulement 80% des dépenses liées aux dépenses de sociétés, ce qui représente un énorme gaspillage du temps de travail et d’énergie à monter des dossiers. Et non seulement les impôts ont été augmentés en éliminant les abris fiscaux dans l’immobilier, mais les prétentions de la loi à l’équité ont été rendues grotesques par le caractère rétroactif de bon nombre des augmentations d’impôt. Ainsi, la suppression de la déductibilité des abris fiscaux a été rendue rétroactive, imposant des sanctions énormes après les faits. Il s’agit d’une législation a posteriori interdite par la Constitution, qui interdit de criminaliser les actions conduites rétroactivement pendant une période où elles étaient parfaitement légales. Un de mes amis, par exemple, a vendu son entreprise il y a environ huit ans; Pour éviter les impôts sur les plus-values, il a constitué son entreprise dans les îles Vierges américaines, que le gouvernement fédéral avait exonérée de l’impôt sur les plus-values afin de stimuler le développement des îles Vierges. Huit ans plus tard, cette exonération fiscale pour les îles Vierges a été supprimée (une « échappatoire » à combler !), or l’IRS s’attend maintenant à ce que mon ami paie des impôts sur les gains en capital rétroactifs plus les intérêts sur cette vente de huit ans. On repassera pour « l’équité » de la loi sur la réforme fiscale!
Mais l’essentiel sur la question fiscale: est qu’est-ce qui est arrivé dans l’ère Reagan aux recettes fiscales globales? Le montant des taxes prélevées par le gouvernement fédéral auprès des Américains a-t-il augmenté ou diminué pendant les années Reagan? Les faits sont que les recettes fiscales fédérales se sont élevées à 517 milliards de dollars au cours de la dernière année Carter en 1980. En 1986, les recettes ont totalisé 769 milliards de dollars, soit une augmentation de 49%. Quoi qu’il en soit, cela ne ressemble pas à une réduction d’impôt. Mais qu’en est-il des taxes en pourcentage du produit national? Nous pouvons admettre que, sur un critère de pourcentage, les taxes globales ont très légèrement baissé, restant à peu près la même année que Carter. Les taxes sont passées de 18,9% du PIB à 18,3%, ou pour une meilleure mesure, les impôts en pourcentage du produit privé net sont passés de 27,2% à 26,6%. Une forte augmentation absolue des taxes, associée au maintien des impôts en pourcentage du produit national, n’a guère de chance d’enchanter tout un chacun comparé à une réduction considérable des impôts pendant les années Reagan.
Au cours des derniers mois, en outre; L’administration Reagan a été plus réceptive que jamais aux problèmes de colmatage, de redevances et de revenus. Pour citer la chronique Tax Watch du New York Times (13 octobre 1987): « Le président Reagan a à plusieurs reprises averti le Congrès de son opposition à toute nouvelle taxe, mais certains conseillers de la Maison Blanche ont essayé de trouver une proposition de loi fiscale qui s’appellerait autrement. «
En plus de supprimer les niches fiscales, la Maison-Blanche encourage le Congrès à élargir la définition habituelle des «frais d’utilisation», et non pas les taxes, car elle est supposée être une redevance pour l’utilisation des services publics, par exemple les parcs nationaux ou les voies navigables. Mais apparemment, l’administration Reagan élargit actuellement la définition de «redevance d’utilisation» pour inclure les taxes d’accise, en supposant apparemment que chaque fois que nous achetons un produit ou un service, nous devons payer la permission au gouvernement. L’administration Reagan a donc proposé, bien entendu, non pas une augmentation de taxe, mais une prétendue « redevance d’usage », une taxe d’accise plus élevée sur chaque ligne aérienne internationale ou chaque billet de bateau, une taxe sur tous les producteurs de charbon et une taxe sur l’essence et sur les frais d’autoroute pour les autobus. L’administration est également disposée à redevendiquer, en tant que frais d’utilisation présumée plutôt qu’une taxe, le fait que les employeurs, tels que les restaurants, commencent à payer la taxe de sécurité sociale sur les pourboires reçus par les serveurs et autres personnels de service.
À la suite du krach boursier, le président Reagan est maintenant prêt à nous faire part d’un cadeau d’après-crise: des taxes plus élevées qui seront ouvertement appelées des taxes plus élevées. Mardi matin, la Maison-Blanche a déclaré: « Nous allons conserver notre cheval de bataille. Le président nous a donné des ordres de marche : pas d’augmentation des impôts ». Mardi après-midi, cependant, les ordres de marche s’étaient apparemment évaporés et le président a déclaré qu’il était « prêt à examiner » les propositions d’augmentation des impôts. Accueillir une récession imminente par une augmentation des impôts est une excellente façon de concrétiser cette récession. Une fois encore, le président Reagan suit la voie tracée par Herbert Hoover durant la Grande Dépression, à savoir augmenter les impôts pour tenter de lutter contre un déficit. » Murray Rothbard