Par Marius-Joseph Marchetti,
Cette traduction vous est offerte par les soins de notre contributeur Marius-Joseph Marchetti. Celle-ci a avant tout pour but de faire découvrir aux lecteurs le point de vue du Professeur Milton Friedman sur la responsabilité sociale des entreprises, à l’heure où celle-ci fait débat en France.
La Responsabilité sociale des entreprises est d’augmenter leurs profits
Milton Friedman
The New-York Times Magazine
13 septembre 1970
Quand j’entends des hommes d’affaires parler avec éloquence des «responsabilités sociales des entreprises dans un système de libre entreprise”, je me rappelle cette histoire merveilleuse sur le Français qui découvrit à l’âge de 70 ans qu’il avait parlé en prose toute sa vie. Les hommes d’affaires croient qu’ils défendent la libre entreprise lorsqu’ils clament que la conduite de leurs affaires ne sont pas concernées « uniquement » par le profit mais aussi par la promotion de fins « sociales » souhaitables ; l’entreprise possède une « conscience sociale » et prend au sérieux ses responsabilités face à l’emploi l’élimination de la discrimination, pour éviter la pollution et tout ce qui peut être les mots d’ordre de la culture contemporaine des réformateurs. En fait, ils prêchent – ou le feraient si eux ou n’importe qui d’autre les prenaient au sérieux – le socialisme pur et inaltéré. Les hommes d’affaires qui parlent de cette façon sont des marionnettes involontaires des forces intellectuelles qui ont sapé la base d’une société libre ces dernières décennies.
Les discussions sur les «responsabilités sociales des entreprises» sont remarquables pour leur lâcheté et leur manque de rigueur. Qu’est-ce que cela signifie de dire que « l’entreprise » a des responsabilités? Seuls les individus ont des responsabilités. Une société est une personne artificielle et elle peut en ce sens avoir des responsabilités, mais on ne peut pas dire qu’une entreprise dans son ensemble ait des responsabilités, même dans ce sens vague. Le premier pas vers la clarté durant l’examen de la doctrine de la responsabilité sociale des entreprises consiste à se demander précisément ce que cela implique pour qui.
Vraisemblablement, les personnes qui doivent être responsables sont les hommes d’affaires, c’est à dire les propriétaires individuels ou les dirigeants d’entreprises. La plupart des discussions sur la responsabilité sociale est destinée aux entreprises, donc dans ce qui suit, je vais surtout négliger les propriétaires individuels et parler des dirigeants d’entreprises.
Dans un système de propriété privée et de libre entreprise, un dirigeant d’entreprise est l’employé du propriétaire de l’entreprise. Il a une responsabilité directe envers ses employeurs. Cette responsabilité implique de conduire l’entreprise conformément à ses désirs, qui seront généralement de faire autant d’argent que possible tout en se conformant aux règles de base de leur société, à la fois celles incarnées dans la loi et celles incarnées par les us et coutumes. Bien sûr, dans certains cas, ses employeurs peuvent avoir un objectif différent. Un groupe de personnes pourrait créer une société pour un but caritatif- par exemple, un hôpital ou une école. Le directeur d’une telle société n’aura pas comme objectif un rendement monétaire mais uniquement la fourniture de certains services.
Dans les deux cas, le point clé est, qu’en sa qualité de dirigeant d’entreprise, le gestionnaire est le serviteur des personnes qui possèdent la société ou établissent l’institution caritative, et sa principale responsabilité est envers eux.
Inutile de dire que cela ne signifie pas qu’il est facile de juger la façon dont il remplit sa tâche. Mais au moins le critère de performance est simple, et les personnes pour lesquelles les dispositions contractuelles volontaires existent sont clairement définies.
Bien sûr, le dirigeant d’entreprise est également une personne à part entière. En tant que personne, il peut avoir beaucoup d’autres responsabilités qu’il reconnaît ou assume volontairement – envers sa famille, sa conscience, ses sentiments de charité, son église, ses clubs, sa ville, son pays. Il peut se sentir pousser par ces responsabilités à consacrer une partie de son revenu à des causes qu’il considère comme dignes, refuser de travailler pour certaines entreprises, voire même à quitter son emploi, par exemple, pour rejoindre les forces armées du pays. Si nous le souhaitons, nous pouvons nous référer à certaines de ces responsabilités comme “responsabilités sociales”. Mais à ces égards, il agit en tant qu’acteur principal, et non en tant qu’agent, il dépense son propre argent ou temps ou énergie, pas l’argent de ses employeurs ou le temps ou l’énergie qu’il a contracté à consacrer à ces fins. Si ce sont des «responsabilités sociales», ce sont les responsabilités sociales des individus, et non pas des entreprises.
Qu’est-ce que cela signifie de dire que le dirigeant d’entreprise a une «responsabilité sociale» en tant que homme d’affaires ? Si cette déclaration n’est pas que pure rhétorique, elle doit signifier qu’il doit agir d’une manière qui n’est pas dans l’intérêt de ses employeurs. Par exemple, qu’il doive s’abstenir d’augmenter le prix du produit en vue de répondre à l’objectif social consistant à se prémunir de l’inflation, même si une augmentation des prix serait dans l’intérêt de l’entreprise. Ou qu’il doive faire des dépenses pour réduire la pollution au-delà du montant qui est dans le meilleur intérêt de l’entreprise ou qui est requis par la loi pour contribuer à l’objectif social visant à préserver l’environnement. Ou, qu’au détriment des bénéfices des entreprises, il doive embaucher des «chômeurs» au lieu de travailleurs mieux qualifiés pour contribuer à un objectif social de réduction de la pauvreté.
Dans chacun de ces cas, le dirigeant d’entreprise dépenserait l’argent de quelqu’un d’autre en vue de l’intérêt général. Dans la mesure où les actions qu’il mène en accord avec sa « responsabilité sociale » réduisent les dividendes des actionnaires, ils dépensent leur argent. Dans la mesure où ses actions augmentent le prix des biens, il dépense l’argent des consommateurs. Dans la mesure où ses actions abaissent les salaires de certains employés, il dépense leur argent.
Les actionnaires, les clients ou les employés pourraient dépenser séparément leur propre argent par leur choix propre s’ils le souhaitaient. Le directeur d’entreprise exerce une “responsabilité sociale” distincte, plutôt que de n’être qu’un agent des actionnaires, des clients ou des employés, s’il dépense uniquement l’argent d’une manière différente qu’eux-même auraient dépensé.
Mais s’il le fait, il impose dans les faits un impôt, d’une part, et il décide comment les recettes de la taxe seront dépensées, d’autre part.
Ce processus soulève des questions politiques à deux niveaux: au niveau des principes et des conséquences. Au niveau des principes politiques, l’imposition de taxes et l’utilisation des recettes fiscales sont des fonctions gouvernementales. Nous avons établi des règles constitutionnelles, parlementaires et des dispositions judiciaires pour contrôler ces fonctions, pour nous assurer que les taxes imposées soient autant que possible en fonction des préférences et des désirs du public – après tout, “taxation sans représentation” était l’un des cris de guerre de la Révolution américaine. Nous possédons un système de freins et de contrepoids (checks and balances) pour séparer la fonction législative de l’imposition des taxes et pour promulguer les dépenses de la fonction exécutive de perception des impôts et d’administration des programmes de dépenses et de la fonction judiciaire de médiation des différends et d’interprétation de la loi.
Ici, l’homme d’affaires – auto-sélectionné ou nommé directement ou indirectement par les actionnaires – est d’être simultanément législateur, exécutif et juriste. Il doit décider qui taxer de combien et dans quel but, et il doit en dépenser le produit – tout cela guidé seulement par des exhortations générales d’en haut pour contenir l’inflation, améliorer l’environnement, lutter contre la pauvreté et ainsi encore et encore.
Toute la justification permettant au directeur d’entreprise d’être sélectionné par les actionnaires est que le directeur d’entreprise est un agent servant les intérêts de ses supérieurs. Cette justification disparaît lorsque le dirigeant d’entreprise impose des taxes et dépense le produit à des fins « sociales ». Il devient en effet un agent public, un fonctionnaire, même s’il reste au nom d’un employé d’une entreprise privée. Pour des raisons de principe politique, il est intolérable que de tels fonctionnaires – dans la mesure où leurs actions au nom de la responsabilité sociale sont réelles et pas juste un “habillage de fenêtre” – devraient être sélectionnés comme ils le sont maintenant. Si ils doivent être agents publics, ils doivent ensuite être élus par un processus politique. S’ils veulent imposer des taxes et occasionner des dépenses pour favoriser des objectifs « sociaux », alors un mécanisme politique doit être mis en place pour faire l’évaluation des impôts et déterminer par un processus politique les objectifs qui doivent être servis.
C’est la raison fondamentale pour laquelle la doctrine de la «responsabilité sociale» implique l’acceptation du point de vue socialiste selon lequel le mécanisme politiques, et non le mécanisme de marché, est le moyen approprié pour déterminer l’allocation de ressources rares à des fins alternatives.
Sur la base de telles conséquences, le dirigeant d’entreprise peut-il effectivement s’acquitter de « responsabilités sociales » ? D’une part, supposons qu’il puisse s’en tirer en dépensant l’argent des actionnaires ou des clients ou des employés. Comment sait-il comment le dépenser? On dit qu’il doit contribuer à combattre l’inflation. Comment sait-il quelle action de sa volonté va contribuer à cette fin? Il est probablement un expert dans la gestion de son entreprise – en produisant un produit ou en le vendant ou en le finançant. Mais rien sur sa sélection ne fait de lui un expert sur l’inflation. Le maintien du prix de son produit réduira-t-il la pression inflationniste? Ou, en laissant plus de pouvoir d’achat entre les mains de ses clients, Lui suffit-il de le détourner ailleurs? Ou, en se forçant à produire moins en raison du prix inférieur, contribuera-t-il simplement à occasionner des pénuries? Même s’il pouvait répondre à ces questions, quel coût est-il justifié d’imposer à ses actionnaires, clients et employés en vue de cette fin sociale ? Quelle est sa juste part et quelle est la juste part des autres ?
Et, qu’il le veuille ou non, peut-il s’en sortir en dépensant l’argent de ses actionnaires, de ses clients ou l’argent de ses employés ? Les actionnaires ne le licencieront-ils pas? (Soit les actionnaires actuels soit ceux qui prendront le relais lorsque ses actions au nom de la responsabilité sociale auront réduit les bénéfices de l’entreprises et le prix des actions.) Ses clients et ses employés peuvent déserter pour d’autres producteurs et employeurs moins scrupuleux dans l’exercice de leurs responsabilités sociales.
Cette facette de la doctrine de la «responsabilité sociale» est mise en évidence lorsque la doctrine est utilisée pour justifier la modération salariale des syndicats. Le conflit d’intérêts est nu et clair quand les dirigeants syndicaux sont invités à subordonner l’intérêt de leurs membres à des objectifs sociaux. Si les dirigeants syndicaux tentent de faire respecter la modération salariale, la conséquence sera probablement des grèves sauvages, des révoltes et l’émergence de puissants concurrents enviant leurs postes . Nous observons donc ce phénomène ironique que les dirigeants syndicaux – au moins aux États-Unis – ont fait opposition à l’interférence du gouvernement dans le marché d’une manière beaucoup plus cohérente et courageuse que bien des chefs d’entreprise.
La difficulté d’exercer la «responsabilité sociale» illustre, bien sûr, la grande vertu de l’entreprise concurrentielle privée – elle oblige les gens à être responsables de leurs propres actions et il leur est difficile d’exploiter les autres à des fins égoïstes ou désintéressées. Ils peuvent faire du bien – mais seulement à leurs frais.
Beaucoup de lecteurs qui ont suivi notre propos jusqu’ici pourraient être tentés de rétorquer qu’il est bien de parler de la responsabilité du gouvernement d’imposer des taxes et de déterminer les dépenses à des fins «sociales» telles que la lutte contre la pollution ou le chômage, mais que ces problèmes sont trop urgents pour attendre le lent aboutissement des processus politiques, et donc que l’exercice de la responsabilité sociale par les hommes d’affaires est le moyen le plus sûr et le plus rapide de résoudre les problèmes actuels pressants.
Mis à part la question de fait — je partage le scepticisme d’Adam Smith sur les avantages qui peuvent être attendu de « ceux qui sont affectés au commerce pour le bien public » — cet argument doit être rejeté pour cause de principe. Ceci revient à affirmer que ceux qui favorisent la hausse des impôts et des dépenses en question n’ont pas réussi à convaincre la majorité de leurs concitoyens à avoir le même esprit et qu’ils cherchent à atteindre par des procédures non démocratiques ce qu’ils ne peuvent atteindre par des procédures démocratiques. Dans une société libre, il est difficile pour les gens « diaboliques » de faire du «mal», d’autant plus que le bien d’un homme est le mal d’un autre.
Par souci de simplicité, je me suis concentré sur le cas particulier du dirigeant d’entreprise, sauf pour la brève digression sur les syndicats. Mais précisément le même argument s’applique au plus récent phénomène d’appel lancé aux actionnaires pour obliger les entreprises à exercer leur responsabilité (la récente croisade contre General Motors, par exemple). Dans la plupart de ces cas, cela implique que certains actionnaires essayent d’obtenir des autres actionnaires (ou des clients ou employés) une contribution contre leur volonté en faveur des causes “sociales » défendues par les activistes. Dans la mesure où ils réussissent, ils imposent de nouveau des impôts et dépensent le produit.
La situation du propriétaire individuel est quelque peu différente. S’il agit pour réduire la rentabilité de son entreprise afin d’exercer sa «responsabilité sociale», il dépense son propre argent, non celui de quelqu’un d’autre. S’il veut dépenser son argent à de tels fins, c’est son droit et je ne vois pas d’objection à ce qu’il le fasse. Dans le processus, lui aussi peut imposer des coûts à ses employés et ses clients. Cependant, car il est bien trop petit par rapport à grande entreprise ou un syndicat pour qu’il détienne un pouvoir monopolistique, les effets secondaires auront tendance à être mineurs.
Bien sûr, dans la pratique, la doctrine de la responsabilité sociale est souvent une excuse pour des actions qui sont motivées par d’autres critères que la seule raison de cette action.
À titre d’exemple, il se peut qu’à long terme, cela soit dans l’intérêt d’une entreprise qui est un important employeur dans une petite communauté de consacrer des ressources pour fournir des équipements à cette communauté ou à améliorer son gouvernement. Cela peut faciliter l’arrivée d’employés désirables, réduire la masse salariale ou les pertes causées par le vol et le sabotage ou avoir d’autres effets bénéfiques. Ou peut-être que, compte tenu des lois sur la déductibilité sur les contributions des entreprises à un but charitable, les actionnaires peuvent contribuer plus aux organismes de bienfaisance qui leur tiennent à coeur en faisant des dons avec leur entreprise plutôt qu’en le faisant eux-mêmes, puisqu’ils peuvent ainsi contribuer au niveau de l’impôt qui aurait autrement été prélevé comme impôt sur les sociétés.
Dans chacun de ces cas, et dans de nombreux cas semblables, il y a une forte tentation à rationaliser ces actions comme étant des exercices de «responsabilité sociale». Dans l’état actuel de l’opinion publique, avec son aversion généralisée envers le “capitalisme”, “les profits”, “l’entreprise sans âme” et ainsi de suite, ceci une façon pour une entreprise de générer une aspect favorable comme sous-produit de ses dépenses qui sont entièrement justifiées par son propre intérêt.
Il serait inconséquent de ma part de demander aux dirigeants d’entreprise de s’abstenir de cette hypocrite “habillage de fenêtre” parce que cela nuit au fondement d’une société libre. Ce serait leur demander d’exercer une « responsabilité sociale »! Si nos institutions, et les attitudes du public font que cela est dans leur propre intérêt de camoufler leurs actions de cette façon, je ne peux exprimer beaucoup plus d’indignation pour les dénoncer. En même temps, je ne peux qu’exprimer mon admiration pour ces indépendants, propriétaires de sociétés à capital fermé ou encore actionnaires de sociétés plus grandes qui dédaignent de telles tactiques comme l’approche de la fraude.
Qu’il soit blâmable ou non, l’utilisation du manteau de la responsabilité sociale, et le non-sens invoqué en son nom par des hommes d’affaires influents et prestigieux, nuit clairement aux fondations d’une société libre. J’ai été impressionné à maintes reprises par le caractère schizophrène de nombreux hommes d’affaires. Ils sont capables d’être extrêmement clairvoyants et lucides dans les affaires internes de leurs entreprises. Ils sont incroyablement myopes et confus dans les affaires qui ne relèvent pas de leurs entreprises, mais affectent la survie possible des affaires en général. Cette myopie est remarquablement illustrée par les appels de nombreux hommes d’affaires en faveur de politique de contrôle des salaires et des prix ou la mise en place de politiques de revenu. Il n’y a rien sur le court terme qui puisse faire plus pour détruire un système de marché et le remplacer par un système planifié que le contrôle effectif des prix et des salaires par l’Etat.
La myopie est également illustrée par les discours des hommes d’affaires sur la responsabilité sociale. Cela peut leur permettre d’acquérir des gains à court terme. Mais cela contribue à renforcer la vision déjà trop prévalente qui considère que la poursuite des profits est mauvaise et immorale et doit être freinée et contrôlée par forces externes. Une fois ce point de vue adopté, les forces externes qui freinent le marché ne seront pas les consciences sociales, cependant très développées, des cadres pontifiants ; ce sera le poing de fer des bureaucrates de l’Etat . Ici, comme pour le contrôles des prix et des salaires, les hommes d’affaires me semble guider par une impulsion suicidaire.
Le principe politique qui sous-tend le mécanisme du marché est l’unanimité. Dans l’idéal d’un marché libre reposant sur la propriété privée, aucun individu ne peut en contraindre un autre, toute coopération est volontaire, toutes les parties à une telle coopération en bénéficient ou ils n’ont pas besoin de participer. Il n’y a pas de valeurs, pas de responsabilités «sociales» autres que les valeurs partagées et les responsabilités des individus. La société est une collection d’individus et de différents groupes qu’ils forment volontairement.
Le principe politique qui sous-tend le mécanisme politique est la conformité. L’individu doit servir un intérêt social plus général – que cela soit déterminé par une église ou un dictateur ou une majorité. L’individu peut voter et dire ce qui doit être fait, mais s’il est annulé, il doit s’y conformer. Il est approprié pour certains d’exiger que d’autres contribuent à l’objectif social général s’ils le souhaitent ou non.
Malheureusement, l’unanimité n’est pas toujours réalisable. Il y a quelques aspects dans lesquels la conformité semble inévitable, donc je ne vois pas comment totalement éviter l’utilisation du mécanisme politique.
Mais la doctrine de la « responsabilité sociale » prise au sérieux étendra la portée du mécanisme politique à toute activité humaine. Il ne diffère pas philosophiquement de la explicitement collective des doctrines. Il diffère seulement par sa croyance que des fins collectivistes peuvent être atteintes sans moyens collectivistes. C’est pourquoi, dans mon livre Capitalisme et Liberté, je l’ai qualifié de « doctrine fondamentalement subversive » dans une société libre, et j’ai rajouté que dans une telle société, « il y a une et une seule responsabilité sociale des entreprises – utiliser ses ressources et s’engager dans des activités visant à augmenter ses profits tant qu’il reste dans les règles de le jeu, c’est-à-dire, qu’il s’engage dans une compétition ouverte et libre sans tromperie ni fraude. «