Par Marius-Joseph Marchetti,
Aujourd’hui, il me semblait nécessaire, dans ce qui sera une série de billets, d’aborder avec vous quelques questions culturelles, nationales et de société, car c’est en général sur ce genre de sujet que les gens sont le plus ignorant de la philosophie libertarienne, et pour cause : Les libertariens sont souvent en désaccord entre eux sur ce genre de sujet, là où il existe un commun accord sur des questions économiques et philosophiques, de manière générale. Je me permettrais ainsi de traiter quelques sujets, ce qui reviennent en général le plus souvent ou qui peuvent aboutir à des conflits chez ceux qui se revendiquent de cette pensée, en donnant ma propre opinion sur le sujet. Le but de ma réflexion n’a donc, comme but premier, d’apporter matière à réflexion, et non pas d’énoncer une vérité immuable.
I. Le cosmopolitisme, ou Est-ce que la mondialisation détruit la liberté et les peuples ?
Voilà une question qui est épineuse. La mondialisation est une conséquence de la notion de libre-échange. Or, si celle uniformise tous les individus entre eux, y-a-t-il encore une réelle liberté ? La cause libertarienne ne se contredirait-elle pas ? Est-ce que le libre-échange, loin d’être une partie non négligeable de la liberté, est son tombeau, l’atomisation de la société civile, la fin des liens sociaux entre les individus ?
Il me semble opportun de préciser que ce que l’on nomme mondialisme et/ou cosmopolitisme n’a rien à voir, en réalité, avec une dénonciation du libre-échange et de la mondialisation en soi (du moins chez les libéraux qui les dénoncent), et cette dénonciation n’a donc rien à voir à proprement parler avec l’antilibéralisme. Il est bon de le préciser, car en général, les antilibéraux “extrême” (Front National ou Front de Gauche, généralement, mais également des tendances qu’on dira plus “centristes”) apparentent le libéralisme et le mondialisme, car tout les deux se font une certaine idée de la mondialisation. Cependant, le mondialisme est un post-socialisme, en cela qu’il tente de créer un Homme Nouveau, non pas en égalisant les conditions économiques, mais les conditions biologiques et culturelles de tout un chacun. Le mondialisme et le cosmopolitisme, dans sa tendance à centraliser le pouvoir dans de grandes instances internationales et à éradiquer tous les caractères différenciés des nations et des individus eux-mêmes, est le nouvel égalitarisme, et s’il fallait encore le prouver, « une révolte contre la nature » (Cf le titre de l’ouvrage de Murray Rothbard, Egalitarianism : A revolt against Nature).
La seule chose, à la rigueur, qui pourrait sérieusement faire passer le libéral pour un cosmopolite, est sa conception du Droit, que certains nomment égalitaire, car, que ce soit le Droit naturel “originel à chaque homme en fonction de son humanité” (Kant) ou un système de règles universelles de juste conduite (Hayek), les libertariens défendent en général une conception de d’ »égale liberté » pour tout un chacun (Herbert Spencer). Il serait opportun que ce qui accusent le libéralisme, dans sa forme originelle, d’être égalitaire et de restreindre les instincts de domination de tout un chacun (ce que fait, à bien des égards, la territorialité caractéristique de la notion de propriété privée), nous expliquent comment ils comptent lier la notion de statut et de libre-compétition, puisque par définition, le statut est immuable et garantit un privilège exclusif.
Ainsi, le libéral n’est pas un cosmopolite, tout d’abord, car il connaît le danger de la centralisation du pouvoir, et d’autant plus que le pouvoir est éloigné des masses. Il défend le principe de subsidiarité (c’est à dire de la gestion du pouvoir à l’échelon le plus petit possible) le plus stricte, c’est-à-dire que chaque individu ait le pouvoir de mener sa propre vie (et seulement sa propre vie). Il ne nie pas les différences qu’il peut exister entre différents peuples et nations. Nous aborderons d’ailleurs cette question dans la partie qui va suivre.