( Pour votre confort de lecture, ce dossier est aussi disponible, ICI, en version PDF : Le despotisme des démocrates )
La Démocratie décrite, par beaucoup, comme la matérialisation la plus aboutie de la Liberté. Ce système politique théorisé dès la Grèce Antique semble, cependant, revêtir les deux faces d’une même pièce.
Table des matières :
Partie introductive – Dêmokratia… – (Par Titou)
III –3000 ans d’Histoire et en danger tous les 5 ans !
Partie 1 – La Démocratie : le Janus des systèmes politiques – (Par Chuck Noel)
I –Les limites inhérentes à la Démocratie
II –Quel modèle démocratique pour la « Liberté individuelle » ?
Partie 2 – Tuer la représentativité pour revenir à la Liberté – (Par Corsican Libertarian)
II -La bienveillance « Innée » ou le colonialisme quotidien
Conclusion générale : Vers un avenir plus prometteur ?
Bibliographie
Partie introductive – Dêmokratia… – (Par Titou)
Enfin ! cette période d’élection présidentielle est terminée. Chacun, ou presque, a fait son devoir citoyen en glissant dans l’urne un bulletin de vote, une carte postale ou rien. Encore une élection ou la Démocratie française a tremblé d’effroi devant la menace d’une extrême droite qui nous rappellerait « les heures les plus sombres de notre histoire » si elle était élue. La Démocratie tient à peu de choses finalement ! On la brandit tel l’ultime rempart au despotisme, on la glorifie car elle fait du citoyen le centre de tout, on l’oppose comme un bouclier protecteur des valeurs de la République. Mais au fond, c’est quoi la Démocratie ? Pourquoi la Démocratie ? Il en existe de différentes sortes ; directes, représentatives ou mixtes… Alors avant toute chose, nous allons poser une définition du mot Démocratie.
I -Définition
Nous n’allons pas chercher loin, on ouvre son moteur de recherche préféré, on tape « Démocratie » et on prend la définition de Larousse.fr
« Du grec Dêmokratia
- Système politique, forme de gouvernement dans lequel la souveraineté émane du peuple.
- Etat ayant ce type de gouvernement.
- Système de rapports établis à l’intérieur d’une institution, d’un groupe, etc., où il est tenu comptes, aux divers niveaux hiérarchiques des avis de ceux qui ont à exécuter les taches commandées. »
On se rend déjà compte de quelques petits écarts avec la réalité du terrain. Le système démocratique français s’éloigne un peu du concept. Maintenant que la définition est posée, où est née la Démocratie ?
II –Les origines du mal
Saut dans le temps pour un atterrissage en Grèce Antique pour une brève présentation. La Grèce est considérée comme le berceau de la Démocratie, même si on en retrouve des traces un peu partout dans de nombreuses civilisations (Les villes-Etats sumériennes étaient des Démocraties avant de devenir des monarchies), tout commence au 8ème siècle av. J-C avec la fondation de la Cité d’Athènes. Elle est autonome et est dirigée par un groupe d’aristocrates, ce qui fait que la Cité est une oligarchie. Athènes fait face à de très nombreuses crises qui vont pousser des réformateurs à repenser les choses et vont, ainsi, poser les bases de ce qui restera un modèle pour les millénaires suivants, la Démocratie Athénienne. Les choses avancent et Athènes connaît toujours des hauts et des bas mais au siècle suivant, un dénommé Dracon, un législateur, écrit les premières lois pour tous les citoyens. Les lois sont pour la première fois écrites et affichées partout pour que nul ne les ignore.
Le siècle suivant marque un tournant, puisqu’il voit, en son sein, un homme d’État faire des réformes de grandes importances ; Solon. Le législateur est considéré comme le père de la Démocratie, tant son rôle est important. Il est à l’origine d’importantes réformes politiques qui ont permis aux classes populaires de la Cité d’avoir et de jouer un rôle politique important. Il abolit l’esclavage par dette, réduit les dettes, met en place un tribunal du peuple et il écrit de nouvelles lois, mais laissons Aristote en parler :
« Solon, semble-t-il, tout en se gardant d’abolir les institutions qui existaient auparavant, telles que le Conseil [de l’Aréopage] et l’élection des magistrats, a réellement fondé la Démocratie en composant les tribunaux de juges pris parmi tous les citoyens. Aussi lui adresse-t-on parfois de vives critiques, comme ayant détruit l’élément non démocratique du gouvernement, en attribuant l’autorité suprême aux tribunaux dont les membres sont tirés au sort. »
— Aristote, Politique.
Nous n’allons pas rentrer dans les détails, puisque là n’est pas vraiment le sujet de l’article, mais il faut savoir que la Démocratie a été pensée et dessinée lentement et que cela continue encore aujourd’hui. Les plus grands philosophes se sont, de tout temps, opposés sur comment doit être la Démocratie, les plus Antiques d’entre eux sont Platon et Aristote, le maître et le disciple. Sans s’enfoncer dans le fond de la pensée de l’un et l’autre, on va noter quelques éléments car ils influencent toujours le débat.
Platon, de son côté, découpe tout en trois parties ; l’homme (Désir, courage, intellect) et aussi la société qu’il divise en trois classes hiérarchisées. Au plus bas se trouve le peuple nourricier, ensuite vient la classe guerrière qui défend la Cité et enfin, tout en haut, le philosophe détenteur du savoir (en naîtra le concept du Philosophe-Roi). Pour lui, les philosophes sont les plus aptes à savoir ce qui vaut le mieux pour tous, il est pour une Démocratie par le haut, plus aristocratique et qui le place en opposition à Aristote qui, lui, voit les choses autrement, en pensant une Démocratie par le bas.
Aristote considère que tout homme est doté de raison, tout homme pense, donc, est en mesure de savoir ce qui est bon ou non pour lui. Le disciple découpe la Cité, non pas en trois classes, mais en deux classes bien distinctes : Les riches et les pauvres. En prenant position pour une Démocratie par le bas, il prend clairement parti pour les pauvres qui, selon lui, devraient gouverner la Cité car ils sont plus nombreux. Il développe dans son ouvrage « Politique » d’autres formes de démocraties en y développant points forts et points faibles. Cette Démocratie par le bas a pour vocation deux choses : l’égalité des citoyens (attention, n’est citoyen que l’homme libre) et la liberté en proposant une alternance entre gouvernant et gouverné, mais il émet aussi des limites et des dérives qu’il nomme : Populisme et démagogie.
La Démocratie est pensée pour être émancipatrice, symbole d’égalité Citoyenne et de liberté. Elle assure un pouvoir partagé à chacun. Mais, aujourd’hui, en France, quel pouvoir a encore le principe démocratique et quel pouvoir a le Citoyen ?
III –3000 ans d’Histoire et en danger tous les 5 ans !
On nous le dit à la télé et à longueur d’articles dans les journaux que la Démocratie est en danger. Mais, l’est-elle vraiment ?
La Démocratie à la française est un système particulier qui permet à chaque citoyen de voter pour un homme politique, représentant d’une partie du peuple, qui, durant une interminable campagne, tentera l’accession au titre suprême de Président de la République qui va tout faire, dans un jeu d’opposition, pour imposer, à une minorité perdante, la représentation des idées de la majorité victorieuse. La constitution de la Vème République précise que le Président est élu à la majorité des suffrages exprimés, en d’autres termes, celui qui ne s’exprime pas, n’existe pas. A croire que l’on n’est pas allé au bout du concept en changeant le Droit de vote en Devoir de voter. Au fur et à mesure, s’est installé au sommet de la pyramide une aristocratie qui se partage, régulièrement, la place de leader suprême de la République.
On est loin de l’idéal démocratique de la Cité athénienne, de Platon et de sa Démocratie « philosophique » ou d’Aristote et son désir d’égalité citoyenne. Aujourd’hui, la France est dans un remake de ce que fût Athènes pendant des siècles ; une oligarchie. En France, la Démocratie n’existe plus. Le citoyen français est doté d’un pouvoir sur sa vie qui n’est qu’apparence car, le bulletin de vote qui lui promet le pouvoir de changer les choses vers le mieux, ne donne, en réalité, que du pouvoir à celui qui est élu.
De nos jours, la Démocratie n’est utilisée que pour maintenir une élite au pouvoir et qui a trouvé légitimité par les urnes, en rappelant sans cesse que la Démocratie et la République ne font qu’un et que son état est précaire tous les 5 ans. Le citoyen ne vote plus pour un représentant qui débattra pour mettre en place des lois ou des moyens de faire prospérer le pays, il ne vote pas plus pour des idées mais pour celui qui lui plaît, surtout, celui qui lui promet monts et merveilles et qui atteint des sommets de popularité. Ainsi, quand ce représentant promet que tout sera payé par les autres car, après tout, c’est de leur faute donc, ils doivent payer. Au final, le citoyen vote principalement contre lui-même. La Démocratie n’est qu’un prétexte pour garder ce système en place dans lequel tout le monde s’enrichit sur le dos des citoyens. Cette Démocratie garde à l’écart les silencieux en les culpabilisant de la montée des populismes et des démagogues prêts à détruire la République. En réalité, le seul danger n’est pas pour la Démocratie mais pour le système minutieusement mis en place.
L’histoire grecque montre que la Démocratie s’est pensée et mise-en place sous une oligarchie athénienne qui souffrait de graves crises récurrentes tant politiques qu’économiques, de graves crises sociales qui opposaient régulièrement riches et pauvres et, a vu l’avènement de tyrans. La Démocratie a été pensée et créée dans la douleur. Il est temps, aujourd’hui, de repenser les choses et faire en sorte que chaque citoyen reprenne sa vie en main au service de lui-même et donc, au service de sa Cité. Prenons note du passé, des dérives possibles qui pourrissent la politique française. C’est l’individu dans l’égalité des Droits qui fait la Cité. Dans cette Démocratie qui n’en est pas une, n’oublions pas qu’un bulletin de vote ne donne du pouvoir qu’à celui qui est élu.
Dans cette Démocratie, on a toujours A, B et C qui votent pour des représentants ou votent directement des lois ou des moyens qui incluent toujours celui qui est contre par la coercition. Les choix des uns sont imposés aux autres, ce qui fait que la Démocratie est surtout la voie royale qui mènera à la gouvernance un tyran qui sera appuyé par les exaspérés et les perdants systématiques du système démocratique. Nous serons dans une Démocratie « réelle », le jour où B, qui est en opposition, perd face à A parce que celui-ci a convaincu C du moindre mal de ses idées, pourra se retirer et faire sécession tout en gardant son rôle de citoyen lorsque les décisions lui permettront d’aller vers le mieux. « Le courage consiste à choisir le moindre mal, si affreux qu’il soit encore » disait Stendhal, alors, permettez-nous de ne pas avoir ce courage là, mais celui de choisir ce qui est le mieux pour moi en mon âme et conscience.
Partie 1 – La Démocratie : le Janus des systèmes politiques – (Par Chuck Noel)
I –Les limites inhérentes à la Démocratie
Les résultats du premier tour des élections présidentielles françaises, tout comme les élections précédentes, ne sont guère surprenant dans une Démocratie occidentale qualifiée, par abus de langage, de pluraliste. Ces résultats ne sont que des distorsions de la Démocratie moderne déjà relevées par Alexis de Tocqueville dans son œuvre majeure « De la Démocratie en Amérique ».
Tocqueville dénonçait, déjà en 1840, les effets indésirables d’un monde « d’égalité » dans lequel la Majorité aurait le pouvoir absolu plus absolu que n’importe quel monarque « absolu ». En effet, l’auteur constata que peu d’individus avaient le temps de se forger une opinion totalement d’eux-mêmes. Et donc, par « vanité » et par « conformisme » les individus n’ayant pas ce temps, adoptaient un certain nombre de croyances sans les remettre en cause. Dans le scénario de Tocqueville ce ne serait pas donc un clergé qui désignerait du doigt la « Vérité », mais le Conformisme teinté d’hypocrisie qui lors de la messe irait imposer à l’individu ses préjugés.
Ainsi, sous le joug de la Démocratie égalitariste, l’individu se dilue dans le magma informe « des vérités générales ». Sauf, qu’en agissant ainsi l’individu accroit son état de servitude autant, si ce n’est plus, que n’importe quel autre régime politique non démocratique.
Gustave Le Bon complétera le développement de Tocqueville sous un angle plus psychologique, à travers du prisme de la « Foule ». Une Foule qui est dominée par l’affect et dénuée de toute Raison, dans laquelle l’intellectuel se retrouve au même niveau que l’imbécile. Le Bon a visé juste, c’est cette Foule égalitaire, évoluant pourtant en Démocratie, qui donnera les pires régimes totalitaires du XXème Siècle. Pour l’anecdote, tous ces régimes se revendiquaient de l’Égalité, y compris le régime nazi au sein de la « race aryenne ».
L’avènement des moyens moderne de communication, comme l’esquissait déjà Tocqueville, a été le moteur de la diffusion des « idées toutes faites ». Très vite, une minorité cupide a su très exploiter cette faille. Ce fut le cas pour les acteurs des régimes totalitaires.
En Démocratie, on parle bien des médias mainstream appuyés par les pouvoirs politiques, jusqu’à les qualifier, aux Etats-Unis, de « quatrième pouvoir ». Si aujourd’hui leur influence (heureusement !) est partiellement contrecarrée par internet, il n’a jamais été aussi facile de véhiculer de fausses informations ou certaines informations déformées. Ceci est d’autant plus vrai pour un pays comme la France où la presse est subventionnée. Presse, qui paradoxalement, se retrouve dans sa « diversité » aussi unanime idéologiquement (On pourrait presque penser au Ministère de la Vérité dans 1984.). Donc la diffusion de préjugés préfabriqués et le maintien du politique en place ont de beaux jours devant eux au sein de cette Démocratie égalitariste. Il ne suffit qu’à demander à certains électeurs d’Emanuel Macron pourquoi ils votent pour lui et vous aurez bien souvent pour seule réponse : « parce qu’il est jeune et dynamique ».
Churchill ne disait-il pas d’ailleurs, « que le meilleur argument contre la Démocratie est une conversation de cinq minutes avec l’électeur moyen. » ? Pour reparler de la France, n’est-elle pas, actuellement, notamment au vu de la campagne des présidentielles de 2017, sous le joug d’une tyrannie de la majorité ? Tyrannie elle-même au service d’une tyrannie au sens politicien du terme ?
Concrètement, les médias ou/et la pression sociale influent considérablement sur la construction d’une opinion, d’un fait biaisé ou autre. L’individu de peur d’être exclu socialement suit le courant quitte à se faire emporter définitivement. Ainsi, cette forme de Démocratie, à l’image d’un esclave depuis plusieurs générations, ne rend-elle pas l’individu inconscient de sa propre existence ?
Rousseau peut continuer de dormir sur ses deux oreilles. Car si cela diffère de sa « Démocratie populaire » de la majorité, les effets restent identiques : dans l’existence d’un corps social un et indivisible soumis à la volonté d’un législateur régissant chaque parcelle de chaque vie humaine.
L’apothéose de ce système démocratique égalitariste serait celui présenté par Aldous Huxley dans son roman éponyme « Le Meilleur des Mondes ». Il y décrit une société égalitariste, totalitaire et de castes dans laquelle l’individu n’a aucune conscience de son existence, cette inconscience est animée par toutes sortes de drogues, une prédestination génétique et un divertissement continu, le tout sans violence physique. En d’autres termes, un « Panem et circenses » élevé en postulat de cette Société collectiviste. En France, on pourrait assimiler cette sémantique aux émissions de TV réalité, comme par exemple, l’émission « Touche pas à mon Poste » dans laquelle tout est rangé au rang de dérision. Un tel régime ne signifie pas l’absence d’opposition, mais celle-ci serait passée systématiquement au ridicule ou parquée dans des réserves comme c’est le cas dans le « Meilleur des Mondes ». On pense bien évidemment au candidat Jean Lasalle (ou plus largement à tous les petits candidats) qui a été raillé et ridiculisé pendant toute la campagne de la présidentielle. Ce qui a, (aussi étatistes que furent ses idées) ainsi, empêché le candidat de s’exprimer intelligiblement.
La « Démocratie est le pire des régimes à l’exception de tous les autres », Churchill avait tort en disant cela. En effet si effectivement elle est le moins pire des régimes politiques (institutionnels), elle peut, comme nous l’avons exprimé jusqu’alors, être aussi le pire des pires des régimes. Et si elle dévie en Démocratie égalitariste, la Démocratie pourrait, ici, devenir le dernier des régimes que l’Humain pourrait connaître ! Puisque l’existence n’existera plus.
II –Quel modèle démocratique pour la « Liberté individuelle » ?
Pour donner quelque peu un sens « noble » au mot « Démocratie », système, en effet, indispensable pour édifier un État de droit. État dans lequel la sphère étatique devra être réduite au maximum, dès lors que ce sera ce dernier qui détiendrait la force légitime (sens Lockéen du terme). Dans le cas contraire, ses tentacules risqueraient très rapidement de s’immiscer dans toutes les strates de la vie des individus. Par conséquent, le pouvoir politique devra être nécessairement limité et surtout, être mobile afin de prévenir toute dégénérescence en Tyrannie (au sens plus classique du terme). Le pouvoir corrompt, y compris et surtout lorsqu’il est entre les mains de la majorité. Ainsi, si un système démocratique doit subsister il devrait certainement disposer d’institutions mobiles, par exemple via l’organisation d’élections très régulièrement, pour maintenir l’intérêt (sans l’imposer) de la vie de la Cité aux individus. Mais surtout, cette Démocratie, devra permettre de préserver la minorité dans son intégrité.
Tout cela devra passer, bien évidemment, par un postulat fondamental : la garantie absolue des droits et libertés naturelles, à savoir la Liberté (individuelle), la Propriété et la Sécurité. L’Homme ne s’est-il pas constitué en Société pour assurer sa conservation et palier, ainsi, à une incertitude liée à un état de nature ?
Cette Démocratie aurait comme pendant la responsabilisation de l’individu. La minorité, de ce fait préservée permettra de diffuser des opinions contradictoires et maintenir une certaine alerte chez la majorité. Autrement dit, la majorité serait-elle assez folle pour s’amputer de ces garanties aux droits et libertés naturels, finalité de ce système ainsi constitué ?
Le Gouvernement et le Parlement qui ressortiraient de ce régime serait, naturellement fondés sur une Séparation des pouvoirs réelle.
Le pouvoir devra contrôler le pouvoir et le pouvoir contrôler l’excès de bureaucratie (on peut l’assimiler à l’excès de législations). L’élection démocratique par excellence devra s’organiser depuis la base, dans un rapport de proximité pour ne pas dire de promiscuité. La Décentralisation devra être la règle, nous ne parlons pas de décentralisation à la française, qui a donné des dynasties locales bien implantées, mais, osons le mot, d’un Fédéralisme. On élirait des représentants locaux plus responsables, tout en étant plus responsable soi-même puisqu’il s’agirait de questions de proximité qui concerneraient directement l’individu.
Alain propose un système démocratique, monitocratique, fondé sur le contrôle et la surveillance des gouvernants par les gouvernés, auquel cas ces premiers porteraient attentes aux droits et naturels des individus. Le tout serait complété par un système totalement décentralisé, un système « de clochers ». Ainsi, lorsque la Démocratie devient locale les individus se sentiraient plus concernés et de facto, seraient plus attentifs aux décisions qui seraient prises par le pouvoir politique. De cet esprit alerte renaîtrait la responsabilisation individuelle et les retrouvailles de l’individu avec lui-même. Ce ne serait plus la tyrannie de l’affect mais bien la tyrannie de la « Raison », la tyrannie de la Liberté ! Les institutions représentatives ne seraient donc, qu’une somme d’intérêts particuliers dont la main invisible tiendrait tout le régime à l’équilibre. En économie politique on dirait : « Laissez-faire ! »
Ce serait bien plus qu’une Démocratie « terre à terre » ce serait une Démocratie lourdement ancrée dans le terreau fertile de la Réalité et non de celui des dogmes métaphysiques. Puisqu’ici, les intérêts de chacun seraient palpables.
La « loi » qui découlerait d’un tel régime ne saurait donc être que limitée à son rôle de garant de l’ordre naturel. Dans la mesure où, ici encore, la majorité ne pourrait pas se mutiler pour porter atteinte à l’ordre naturel, puisque ne formant pas un corps un et indivisible, mais bien une somme d’individus bien distincts réunis en ordre spontané. Cet assemblage politique conduirait à légiférer peu et donc, placerait la Liberté au sommet de la hiérarchie politique.
Ce système devra tourner autour du consentement individuel tel que rappelé par John Locke dans son Contrat social. Cela ne signifierait en aucun cas un engagement ad aeternam de l’individu, puisqu’il aurait toujours la possibilité de résilier son contrat à tout moment, si l’ordre politique ne lui conviendrait plus –avec néanmoins, la perte des éventuels avantages découlant de cet ordre.
La question de l’assise territoriale pourrait se poser dans une telle Démocratie. En effet, elle ne pourrait qu’être efficiente sur un territoire de taille moyenne, à l’échelle d’une région comme le sud de la France par exemple. Cette Démocratie, comme nous le disions, pourrait tout à fait s’intégrer dans un ensemble plus grand d’une Fédération. L’individu aurait alors la Liberté de choisir son mode de gouvernement – y compris le gouvernement de lui-même. Cette coexistence de tous ces systèmes politiques constituerait alors une Panarchie.
Partie 2 – Tuer la représentativité pour revenir à la Liberté – (Par Corsican Libertarian)
En ces derniers jours de campagne présidentielle, les déchirements sociaux continuent. Tout un chacun se regroupe pour un programme, s’aliène à un représentant, voit son vote comme un signe de sa liberté, se fait foule derrière un seul homme, pense se faire partisan du changement. Tout un chacun éprouve la nécessité de se faire épauler par le Système participatif, quitte à ce que cela soit au détriment d’autrui. En résumé, « le despotisme astucieux préfère les jeux électoraux ». (Cf. Nicolas Gomez Davila, les Horreurs de la Démocratie)
Pourquoi donc ce « despotisme » est-il plus astucieux qu’un autre ? Car il se cache derrière bien des présupposés, et ceux ci-dessous en font partie. Le pouvoir qui fonde le Gouvernement représentatif reposent sur 3 préjugés, qui incarnent le fameux « fétichisme du politique » (Cf. Herbert Spencer) : ces 3 préjugés sont le scientisme d’Etat (ou constructivisme), la nature prétendue bienveillante des gouvernants, et le potentiel de changement des machines d’Etat.
I –Du Constructivisme
Ce que nous nommons constructivisme (ou scientisme d’Etat) est la croyance des gouvernants que le changement peut être opéré par un acte de décret, l’utilisation de la coercition ou la répression ; que les gouvernants sont plus aptes que le commun des mortels à choisir la destination qu’ils prendront au cours de leur vie. Cette croyance est à bien des égards due au philosophe d’Etat, et avant tout au premier, Hegel, qui dans sa grande mansuétude, a fait de l’Etat, non plus un outil de domination, non plus un garant des droits contre un état de nature menaçant ou simplement révolu, mais, tout simplement une divinité abstraite, représentant de l’Idée, de la Raison absolue : « l’État est l’Idée divine telle qu’elle existe sur terre » (Cf. Hegel, Leçons sur la philosophie de l’Histoire). L’introduction de la pensée hégélienne dans l’appareil statocrate donna une légitimité revigorée aux partisans de l’Etat Non-Limité, qu’ils soient démocrates ou non. Ne voyez-vous pas, chers amis de la réalité, que partout où le problème social se profile, nous ne laissons plus nulle part l’usage de la nature remettre de l’ordre, nous invoquons la Loi, en prétextant des vices juridiques, et en demandant à des particuliers de revaloriser le bien commun. Comprenez l’ironie : « chaque jour, c’est un échec de l’Etat, et chaque jour, une renaissance de cette illusion, selon laquelle il suffirait d’un acte du Parlement et d’un état-major de fonctionnaires pour atteindre un résultat voulu. » (Cf. Herbert Spencer, Essais de morale, de science et d’esthétique, tome II, Essais de politique, op. cit. p. 7).
Or, la machine d’Etat est justement une machine, à l’inverse de l’organisation sociale (ou même l’organisme social) qu’elle prétend diriger. Or voilà la première erreur que commet le pouvoir : l’organisme social n’est organisme que dans sa manière d’évoluer, mais pas dans sa conscience, puisqu’elle est plurielle (dans l’organisme social, il y a autant de centre de connaissance que la société évolue vers un modèle plus civilisé et économique). La machine étant naturellement centraliste, elle applique son centre à la société elle-même, sans se dire qu’elle ne peut reproduire cette pluri-centricité en un même sein. C’est cette anarchie de la connaissance qui permet un développement et une amélioration de la vie humaine constamment, et l’intervention étatique est d’autant un ralentissement au changement que les rouages de la machine centraliste frottent entre eux et engendrent donc une inertie qui finit par nuire à tout le monde. C’est ainsi que :
« Cette vaste organisation sociale, à la vie de laquelle chacun de nous aide et qui rend notre existence possible en satisfaisant nos besoins, est un produit qui est juste aussi développé naturellement que l’est le langage au moyen duquel on communique ses besoins. Nulle autorité d’Etat, nul roi ou conseil n’ont fait celui-ci plus que celle-là » –Herbert Spencer, La Réforme Spontanée.
II -La bienveillance « Innée » ou le colonialisme quotidien
Il est une théorie commune à celle qui justifia les pires temps du colonialisme. C’est la nature des gouvernés, se rapprochant de la nature sauvage des anciens temps. Et c’est ainsi que les gouvernants, dont ils ne reconnaissent généralement qu’eux-mêmes le bénéfice d’une nature prétendument plus élevée, bâtissent au nom d’un humanisme civilisationnel le droit de nous gouverner tous. Voyez comme le mot maître pour être si facilement accoler à cette « fonction » si nous ne l’embellissions pas en permanence. Tels les dieux, Madame Le Pen et Monsieur Macron (et n’ayez point d’inquiétude, nous n’omettons en aucun cas les candidats du premier tour ici) prétendent régir et malléer l’espèce entière, acquis à son propre plan et sa propre destinée pour un peuple qu’il prétend régir. Qui lorsque Madame Le Pen s’exprime, ne fait pas le parallèle entre son fameux « Etat-Stratège » et « l’Etat Industriel » de Saint-Simon, qui voue en hégémonie le modèle de l’avenir, celui du progrès, et qui mérite le nom de « socialisme scientifique » ? Et qui, lorsque Monsieur Macron, soi-disant bien porté par des idéaux de réforme, se faisant cependant l’artisan d’un immobilisme qui pèse infiniment sur tout un pays depuis des décennies, n’y voit point le résultat de tout étatisme patent, bien porté à détruire la morale et l’économie prodiguée par la spontanéité de l’action individuelle ? Mais qui donc, encore, ne voit pas où mène ce capitalisme de connivence qui gangrène la société, ce stato-socialisme qui brise les hiérarchies de la morale ?
« Il existe une idolâtrie qui ne fabrique pas ses dieux avec de la matière brute : elle prend pour matière première l’humanité et se figure qu’il suffit d’en couler une portion dans un certain moule pour lui conférer des puissances et des propriétés tout à fait différentes de celles qu’elle avait avant le moulage. De part et d’autre, on s’applique à déguiser la matière première : le sauvage a recours à des artifices d’ornementation pour se persuader qu’il a devant lui quelque chose de mieux qu’un pieu ; et le citoyen, après avoir contribué à créer des pouvoirs politiques, les entoure d’un appareil imposant et les décore des noms les mieux faits pour expliquer la puissance, le tout afin de s’exciter à croire en leur action bienfaisante. » –Herbert Spencer, le fétichisme en politique, in The Reader, 10 juin 1865.
La bienveillance des hommes de l’Etat est un mythe providentiel, et comme tous les mythes, ils reposent sur des croyances populaires bien ancrées. Or, les hommes d’Etat sont soumis aux mêmes affects que le commun des mortels. Ils sont faits du même alliage que ceux-ci, leur nature n’est point d’or mais de plomb.
III- Du changement
« Les hommes n’ont pas établi leur organisation politique de façon délibérée, mais elle s’est développée en eux de façon largement inconsciente. » –Herbert Spencer, Social Statics, page 253
On prétend intervenir pour résoudre le problème social. C’est ignorer ce qui fait la force motrice du changement social. Ce qui guide l’homme, nous apprennent David Hume et Adam Smith, ce sont avant tout ses sentiments et ses désirs. Comme le dit justement Herbert Spencer, si « les hommes n’aimaient pas la viande, il n’y aurait pas d’éleveurs (…). Le mécanisme en lui-même ne produit rien, il n’est qu’un instrument ». Le système des prix, comme tout système relevant de la nature, puisque relevant de l’interaction libre des petites gens, met spontanément de la valeur sur les choses, et n’a eu besoin de personnes pour émerger. Il n’a eu besoin que des désirs et des sentiments, et c’est seulement de cette manière que le changement se profile chez l’homme : et encore, il ne le fait que de manière lente. Si la nature humaine est de plomb, les décrets ne pourront changer la matière qu’ils prétendent modifier ; tout au plus lui donneront-ils cet aspect factice de plaqué-or. Prenons l’exemple de l’ivrognerie, qui était courante au XVIIIème siècle en Angleterre, et demandons donc ceci : « Qu’est ce qui a produit l’amélioration survenue depuis ? Ce n’est ni la législation, ni la répression sévère, ni la coercition. La transformation s’est lentement effectuée, en même temps que d’autres améliorations sociales, par des causes naturelles. La « vix medicatrix naturae » a été de la partie. » Il fait ici référence à l’œuvre d’Hippocrate qui, dans l’Antiquité, a insisté sur la nécessité de laisser agir la nature et de ne pas intervenir intempestivement avec des remèdes brutaux. (Cf. Hippocrate, Du régime.)
Laissez donc les hommes agir selon leurs aptitudes élémentaires. Rétablissez ces faits, car ce « vivre et laissez-vivre », c’est la clé de voûte de la résolution du problème social et se trouve d’abord dans la liberté, et le système représentatif est bien souvent antinomique à celle-ci, car il marchande les hommes contre des voix. C’est là que réside la Démocratie, dans le choix de nos actes quotidiens à tous, et pas simplement dans la participation à la vie publique. Car tous les actes, qu’ils soient privés ou non, jouent sur les sentiments et les directions prises par la société. Et cette vraie Démocratie, celle qui se fonde harmoniquement avec cette liberté qui la guide, découlera de la vraie capacité de choisir son gouvernement. En trois mots : avec la Panarchie.
Conclusion générale : Vers un avenir plus prometteur ?
(Titou) Dêmokratia… Le but premier était-il ce que nous vivons aujourd’hui, c’est-à-dire un système d’asservissement d’une minorité décisionnaire sur une majorité qui subit ? La démocratie n’est rien d’autre qu’un concept qui légitime l’asservissement, qui légitime une tyrannie d’une majorité adhérente à une Opinion, qui ne correspond en rien à la recherche de la Liberté, sur le reste du peuple qui subit en se disant que bientôt viendra son tour. Le bulletin de vote est le symbole d’un espoir qui renaît à chaque élection, un espoir de voir, enfin, ses quasi-idées être imposées aux autres car, les autres n’ont pas compris comment ils devaient vivre pour être heureux. La Démocratie n’est plus qu’une guerre citoyenne à la fin de laquelle tout le monde perd. L’individu n’est plus, il voit disparaître des droits et en apparaître d’autres, mais surtout, il y perd en Liberté, chaque jour un peu plus.
« Chacun a le droit de prendre ses propres décisions, mais personne n’a le droit de les imposer à ses semblables. » -Ayn Rand
(Chuck Noel) La Démocratie est fondée sur une servitude volontaire et éclairée. Mais il ne faudrait pas oublier que c’est en Homme Libre qu’on a accepté de se soumettre. L’amour de la Liberté ne doit pas s’essouffler. Ce choix du gouvernement démocratique est fait dans l’intérêt de l’Individu. Cet intérêt qui est manifestation de la garantie de ses droits et libertés naturels.
Toutefois, la Démocratie repose sur une problématique fondamentale : l’acceptation de la servitude peut conduire à l’amour de la servitude et donc vicier le consentement originaire.
Il s’agit de rester alerte en toute circonstance et ne pas se tromper de cible, si on ne peut plus sortir de la Démocratie c’est que le problème ne réside pas chez les dirigeants mais bien dans le Pouvoir lui-même. C’est exactement ce qui se passe en France où les Français n’ont pas remis en cause ce pouvoir omnipotent, mais juste élu un « jeune et dynamique ». Pendant ce temps, les institutions délétères restent toujours bien ancrées.
« L’erreur de ceux qui, de bonne foi dans leur amour de la Liberté, ont accordé à la souveraineté du peuple un pouvoir sans bornes, vient de la manière dont se sont formées leurs idées en politique. Ils ont vu dans l’histoire un petit nombre d’hommes, ou même un seul, en possession d’un pouvoir immense, qui faisait beaucoup de mal ; mais leur courroux s’est dirigé contre les possesseurs du pouvoir, et non contre le pouvoir même. Au lieu de le détruire, ils n’ont songé qu’à le déplacer. » – Benjamin Constant
(Corsican Libertarian) Pourra-t-on un jour commencer à espérer l’arrivée de ce jour béni où les hommes ne verront plus les hommes sous la férule des gouvernementalistes de tout bord comme un signe de progrès et de Liberté ? Peut-on simplement imaginer à l’avenir un monde sans maître(s), une pleine Société de « contrat et d’entraide », voir émerger, ne serait-ce que dans nos vieux jours, lorsque nos os craqueront de la fatigue des temps passés ? Peut-on ambitionner, qu’un jour, la nature humaine appréciera moins les chaînes que la Liberté ? C’est le pari que nous faisons pour l’avenir.
« La botte cessera un jour de marteler le visage de l’homme, et l’esprit de liberté brûle avec tant de force dans sa poitrine qu’aucun lavage de cerveau, aucun totalitarisme ne peuvent l’étouffer. » – Murray Rothbard
Chers lecteurs, nous nous quittons ici. Mais qu’est ce que de tout cela, pourrions-nous tous retenir ?
Tout d’abord, que la Liberté n’est jamais acquise. Que le paravent de la Démocratie laisse bien souvent passer les effluves incestueuses des plus vils despotismes, à tel point qu’il ne faille parfois ne point s’y fier. Le fer de lance de cette garantie de Liberté doit donc reposer sur la réduction de cette contrainte qu’on a prétendu à tort nécessaire à la civilisation, et la Démocratie ne survivra qu’en se résumant par cette limitation de l’oppression institutionnalisée, ou bien ne méritera plus que le mépris de ces vieux régimes qui nous inspirent le dégoût.
Bibliographie
Partie introductive
Ouvrages
ARISTOTE, Les Politiques, Ed. Flammarion, 2015.
Site Internet
Philosophie politique (Platon) [En ligne], IN Wikipédia, [s. d.]. Disponible sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Philosophie_politique_(Platon) (Consulté le 07 mai 2017).
Biographies électroniques
Dacron [En ligne], IN Wikipédia, [s. d.]. Disponible sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dracon (Consulté le 07 mai 2017).
Solon [En ligne], IN Wkipédia, [s. d.]. Disponible sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Solon (Consulté le 07 mai 2017).
Partie 1
Monographies
HUXLEY (A.), Le Meilleur des Mondes, Ed. Pocket, 2002.
LE BON (G.), Psychologie des foules, Ed. F. Aclan (Paris), 1895.
ORWELL (G.), 1984, Ed. Folio, 1972.
PERRIER (J.), Le libéralisme démocratique d’Alain, 2015.
ROUSSEAU (J.-J.), Du Contrat social, Ed. Flammarion, 2011.
TOCQUEVILLE (A.), De la Démocratie en Amérique II, 1840.
Partie 2
Monographies
GOMEZ DAVILA (N.), les Horreurs de la Démocratie, Ed. Du Rocher, 2003.
HEGEL (G.W. F.), Leçons sur la philosophie de l’Histoire, Ed. Galimard, 2007.
HIPPOCRATE, Du régime, Ed. Les Belles Lettres (Paris), 1967
Articles
SPENCER (H.) :
-Essais de morale, de science et d’esthétique, tome II, Essais de politique
-La Réforme Spontanée, IN Faits et Commentaires ;
-Le fétichisme en politique, in The Reader, 10 juin 1865, repris dans la traduction française d’A. Burdeau, IN Essais de morale, de science et d’esthétique, time II : Essais de politique, Paris, Félix Alcan, 1998.