Par Marius-Joseph Marchetti,
La liberté et ses traîtres, est un important ouvrage du philosophe Isaiah Berlin, et reste en soi une lecture agréable tout en étant annonciatrice de découvertes sur des personnages aussi variés que Helvétius, Rousseau, Hegel, Fichte, Saint-Simon et Maistre. Nous parlerons donc quelques peu du livre, tout en nous contentant de très légers « spoilers ». Chers lecteurs, vous voilà prévenus !
Le point commun à tous ces hommes, c’est que tous, ou quasiment, ont une doctrine qui se fait gardienne, soit de la liberté (Rousseau, Hegel, Fichte), soit du bien-être de l’humanité (Helvétius, Saint-Simon). Tous atteignent une irrémédiable impasse, l’autorité sans limite, la technocratie, un vaste Etat Industriel, des mythes personnifiés, ou l’Irrationnel comme fin de tout. Tous (et c’est ici toute la beauté des déambulations dans la pensée des auteurs traités) sont regardés dans leur globalité, et comme si parmi tous ces errements, ils avaient chacun décelé une partie de la vérité qui caractérise les sociétés politiques et l’homme.
Prenons quelques exemples : Si, selon Berlin, De Maistre est une sorte de proto-fasciste, il ne condamne pas cette partie de De Maistre qui loue l’importance des superstitions et de l’irrationnalité, tout en admettant que la combinaison du laicisme extrême de Voltaire et de l’édification de l’irrationnel comme base sociétale est l’exact représentation des totalitarismes du XXème siècle ; Rousseau, même si sa doctrine étrange de l’autorité liée de facto avec la liberté, conduit dans les faits à un belliqueux autoritarisme, n’a point tort lorsqu’il dit que ce n’est pas la Nature, mais la mauvaise volonté qui irrite les hommes, ou lorsqu’il aborde le point de vue de la décadence (Ceci peut bien entendu ne pas être votre avis) ; Hegel nous a peut-être apporté la personnification de l’Etat et la déification du philosophe, qui sont encore des tares de notre époque, mais nous lui devons toutefois une méthodologie de l’histoire totalement novatrice.
Nous pourrions continuer des heures durant, mais nous préférons laisser le lecteur se laissait aller à la découverte de Berlin, et à défaut de pouvoir lire son livre, nous lui en donneront un aperçu avec un résumé de chaque auteur traité par La liberté et ses traîtres.