Le CNB a voté les 3 et 4 février derniers en toute discrétion deux mesures qui pourraient remettre en cause l’équilibre déjà fragile dans la course à l’avocature. En effet, à l’heure où a été rendu le « rapport Haeri », qui préconise une ouverture de la profession d’avocat vers l’avenir (rien que ça !), les corporatistes du CNB ont arbitrairement décidé d’augmenter les frais d’inscription à l’École Française des Barreaux. Il ne s’agit pas d’une augmentation modique mais bel et bien d’une explosion du coût global d’inscription, les frais passant de 1600 euros plafonnés, à 3000 euros planchers !
Résultat : bon nombre d’étudiants se retrouvent désœuvrés face à cette action délibérée contre ceux qui n’ont pas la chance d’avoir les moyens de poursuivre leur formation, obligés de s’endetter davantage après avoir payés un IEJ et/ou une prépa à la qualité de formation plus que douteuse. À titre d’exemple, l’IEJ d’Aix-en-Provence coûte en moyenne 1396 euros ! Une somme, pour des étudiants, qui doivent souvent cumuler endettement et emploi à mi-temps, en plus de leurs études !
Cette délibération du CNB reste d’autant plus injuste puisqu’elle sanctionne également les étudiants qui ont eu le mérite, avec peu de moyens, de réussir le concours du CRFPA. La juste récompense pour cette officine, plus occupée à lutter contre Donald Trump que de défendre ses propres élèves-avocats, pour tant d’années de labeur !
Cette farce ne s’arrête pas là, puisqu’aucune justification ne vient corroborer ce nouveau tarif exorbitant, peu d’écoles en France ne pratiquent de prix aussi élevés ! À titre d’exemple les droits d’entrée à l’école des bibliothécaires et documentalistes s’élève à 4500 euros pour deux ans. N’oublions pas qu’il n’y a ni de frais d’IEJ, ni de frais de prépa, et de frais universitaires pour les autres écoles !
L’augmentation des frais d’inscription n’est pas la seule mesure à retenir, la seconde est d’autant plus dangereuse et met clairement en avant une volonté corporatiste de nantis prêts à tout pour préserver leurs petits privilèges de caste ! En effet, désormais la formation de l’élève avocat devra intégrer une « collaboration qualifiante » de 12 mois !
Sur le papier, cette mesure semblerait positive, une formation professionnelle ne peut être qu’une bonne préparation avant le serment. Or, dans les faits, contexte économique défavorable aidant, il sera très difficile, voire impossible pour les élèves-avocats sans réseau de cooptation de trouver leur place pour une si longue durée en cabinet ! Tout cela est doublé par une capacité d’absorption insuffisante des barreaux (par exemple). Si par chance, une collaboration est trouvée, l’étudiant se retrouvera pendant un an dans une situation d’extrême précarité, le statut s’assimilant à de « l’apprentissage » souvent synonyme de paupérisation. Ce n’est sans compter que cette mesure augmente le délai entre l’obtention du CRFPA et le serment de 18 à 24 mois.
Ainsi, dans les faits pourront accéder à cette « collaboration qualifiante » les proches d’avocats en exercice. En d’autres termes, il s’agit de réserver la profession d’avocats aux seuls nantis assez « nobles » pour l’exercer. Quelle avancée depuis la Révolution !
Stop, au corporatisme ! Oui, à l’égalité de droit dans l’installation des avocats. Oui, à la liberté d’exercice ! Ce n’est que par cette liberté que la profession ne pourra que prospérer !
Sources :
–RAPPORT HAERI :
http://www.dalloz-actualite.fr/flash/rapport-haeri-un-pas-vers-l-avocat-du-21e-siecle#.WJbzhRh7SfX
–L’EXPLOSION DES FRAIS D’INSCRIPTION :
https://twitter.com/fnuja/status/827632197872009217
–LA « COLLABORATION QUALIFIANTE »:
-POUR UNE AVOCATURE SANS ENTRAVES -SIGNEZ LA PÉTITION- :