Poème : Le doux mensonge des dictateurs

Par CorsicanLibertarian,

 

Ô douce Dame d’antan,
Jadis arborant des astres luisants,
Loin nous eûmes masquer nos fruits,
Des charnières fûmantes de nos ennemis,
Mais c’est ainsi que nous perdîmes,
Ce dernier espoir nommé Justice.
Roulant sur une plage de galets noirs,
Criant, martelant, « qui meurt en mon nom ? »
« Qui a encore ma soif, qui a encore ma force,
Qui brandit, vaillant, le glaive
Déchirant les chairs et rompant les chaînes ?
Personne ! Le courage a fui ce monde
Il a emprunté le dernier radeau ballant.
Il a pourfendu les mers, il a écarté les vagues
Il a quitté cet empire
Assailli de sombres nuages
Et avilît par tant de corruption !
Il a rejoint la terre sainte
Pour obtenir sa Rédemption.

Les âmes guerrières, elles sont parties,
Elles nous ont quitté,
Les yeux désormais étriqués
De tant de perfidie.
Elles conspuent, elles croassent,
S’extasient des charmes,
Se vantent de hauts faits d’armes,
Mais sous leurs pieds les os craquent,
Coquille vide, oeil berné,
Souffle coupé et âme broyé,
L’homme-masse l’a choisi,
L’absolutisme naquit.
La société fut
Et de sang, les mains du maître,
Du souveraîn, sont recouvertes.

Mécaniciens, les voici,
Artisans de l’ordre social
Ingénieurs divins de la société nouvelle
Arrivés en Corrupti,
Pour accomplir leurs nobles desseins,
Pour restaurer ce rouage tribale,
Mollestant à tout va les hommes de zèle.
Nonobstant leur ouvrage avec hardiesse.
« Voyez-vous, mes frères, voici notre arche.
Voici le Parti, voici le Club,
Voici la Nation, et toutes ses valeurs attaquées.
Regardez ces barbares à nos portes !
Désormais il faut faire Corps ! »
Individu renié, liberté de côté,
Pouvoir sur toutes choses, prolétaire oppressé,

Que naquisse le réel,
Que disparaisse le formel,
Que l’exploitation cesse,
Et que le travail progresse.
Voilà, repris Justice,
Ce que ces dictateurs ont promis.

On pourrait croire que les hommes,
Bien que couards, ne choisiraient tels maux,
La liberté contre quelques bouchées
La subsistance contre la servitude,
Les géôles pour l’appétit.
Hélas, les demi-hommes sont là.
Massifiés, apaisés, nourris et encartés
Des rouages dans une machine bien huilée,
Tout juste bonne à les broyer,
Quelques leviers un peu grippés,
Trois petits clous bon à jeter.

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