Billet – Hollande et la « Fourchette ».

Par Titou,

Drôle de titre pour ce billet! Pourquoi? Nous allons parler stratégie sur ce grand échiquier politique français. La fourchette (que les joueurs d’échecs me pardonne) est une tactique qui consiste à attaquer 2 pièces adverses en un seul coup, soit l’adversaire ne sauve aucune des deux pièces, soit je perd tout.

J’ai une aversion pour la politique. Pour moi c’est un jeu cynique que se livre une poignée d’hommes et de femmes en recherche constante d’un pouvoir qu’ils ont assimilé au fait d’être puissant. Mais sommes nous puissants quand tout s’acquiert par la force et la coercition ? Malgré ça, je ne peux m’empêcher de m’intéresser à ce jeu funeste. Il faut reconnaître que lorsqu’on se penche dessus, il en devient vite fascinant et ce qui me plaît le plus c’est de me mettre à la place de ces joueurs aux regards froids et imaginer leurs stratégies pour arriver à leurs fins et me dire; “et moi, je ferais quoi pour accéder au trône?” Alors, allons-y, bienvenu dans ma tête car voici ma stratégie pour 2017. Pour ce jeu de rôle je vais incarner François Hollande, le président sortant pas encore déclaré.

L’actualité politique bat son plein, les primaires de droite et de gauche s’organisent, les prétendants au premier tour de la présidentielle battent campagne et s’escarmouchent à coups de phrases assassines. Certains, ne passent pas les primaires et se déclarent dans la course au titre. Je suis François Hollande et je regarde avec une certaine délectation se multiplier les candidatures à droite.

La guerre des chefs fait rage, les égos s’affrontent, les partisans défendent avec ferveur leur poulain. La droite est divisée, elle manque d’un leader. Ça tombe bien pour moi, en plus, Juppé joue le tout pour le tout, pépère se fait vieux, c’est sa dernière chance.

Faux coup de théâtre, l’ancien leader Sarkozy s’élance en campagne après un insoutenable faux suspens. L’adversaire s’avance. Je joue avec audace, Sarko est donné perdant contre la nouvelle chance Juppé, je lance mon premier ministre dans une campagne anti-Sarkozy, la gauche suit, Fillon et Juppé y vont aussi, les partisans vont être chauffé à blanc, les dépités vont être nombreux. Sarkozy déclaré va provoquer 2 choses:

1 -une partie de ceux qui étaient dans le camp Fillon ou Juppé par défaut vont aller chez le leader naturel de la droite.

2- la droite n’est plus divisée, elle est déchirée. Le vainqueur va perdre des voix des autres concurrents qui iront chez Marine Le Pen.

Je mise sur la victoire de Sarkozy aux primaires.

Je suis avec attention la droite, mais j’ai des adversaires dans mon camp aussi. Ils sont nombreux les déçus du hollandisme, ceux qui pensent que j’ai trahi les valeurs de gauche, ceux qui pensent que je suis un ultra-libéral. Et J’ai envie de vous dire tant mieux, qu’ils aillent tous aux primaires, ça va étirer les partisans sur la longueur. Puis, il faut avouer une chose, à par moi, le faiseur de pluie, il y a qui ? Mon plus gros concurrent est Mélenchon à gauche, il a le verbe haut, le sens de la formule, mais, un peu en froid avec les communistes. J’attend que tous se soient déclarés.

La rentrée approche, il se murmure que le ministre de l’Économie va démissionner de son poste. Voilà qui est intéressant. Sans coup de tonnerre, mais avec beaucoup de caméras, Emmanuel Macron quitte le gouvernement. Quel trahison! un coup de poignard dans le dos du projet socialiste, mais qui tombe plutôt pas mal dans le timing, juste après l’ancien président.

Emmanuel Macron plaît, il est détesté. Il a compris que c’est dans la critique que nous existons. Il est jeune mais manipule les médias avec une aisance remarquable, il a le sens de la formule, il a de l’ambition,  du caractère. La droite le veut. Je ne me fait aucun doute sur sa candidature, non pas à la primaire, mais à la présidentielle. Il a pour défaut son empressement, son ambition, il croit fort en lui, en fait, toutes les qualités d’un bon cavalier. Macron est vu comme le trouble fête de la gauche, le caillou dans ma chaussure, mais si il se déclare comme candidat, ce caillou change de chaussure. Les centristes, qui ne se sont toujours pas de décidés, pourraient le suivre, privant la droite de bulletins. Hop une pierre deux coups, les libéraux qui l’aiment beaucoup se rallient à sa cause et donc, à la mienne. Étirons les choix. Macron est la pièce maîtresse contre la droite, mais comme toutes les pièces fortes, elle peut aussi se retourner contre moi, mais je suis confiant avec ce coup.

Breaking news: Marine Le Pen se déclare candidate.

Parfait, voici l’autre pièce à piéger, quitte à l’aider pour ses parrainages, victoire et humiliation n’ont pas de prix.

J’ai un énorme avantage à jouer Macron maintenant, les primaires de gauche se font après  celles de droite. Tout changement stratégique est possible si Sarkozy ne sort pas vainqueur, mais j’ai confiance en Macron pour affaiblir les candidats de droite à la primaire et au premier tour. Il y a aussi les français qui ont en mémoire le quinquennat de mon prédécesseur pour ne pas voter pour lui, et aller plus à droite.

Marine Le Pen va être l’autre pièce de ma stratégie, si je gagne la primaire à gauche, je vais faire moi aussi des déçus, mais on ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs donc, je compte aussi sur le report des voix vers l’extrême droite, je veux la leader frontiste favorite de ces élections.

J’attends avant de me déclarer, je suis outsider et je veux le rester. Je veux être comme mon ami Chirac face à un Jospin, c’est-à-dire, ultra défavori. Je veux jouer le remake de Jacques Chirac contre Jean-Marie Le Pen.

Je suis arrivé à l’Elysée avec des français qui ont voté contre Sarkozy. Je n’ai aucun autre programme que de continuer ce que je suis entrain de faire actuellement. Seule compte la réélection. Macron piège Sarkozy en l’affaiblissant, Marine Le Pen perd au second tour face à moi, et je passe grâce aux français qui sont venus voter en masse pour sauver la démocratie et encore une fois en votant contre un candidat. Une pièce, moi, deux autres battues, Sarkozy et le Pen, la fourchette.

Si je prend mon temps, c’est pour une seule raison, je suis le maître du jeu.

Le scénario paraît, enfin non, il est ubuesque, mais c’est celui qui a ma préférence. Cynique et froid, qualité d’un homme qui a l’air benêt, mais reconnu par tous pour son sens de la stratégie politique. Il va rassembler derrière lui un parti divisé quitte à s’affaiblir lui-même en voyant des voix de gauche et d’extrême gauche partir au FN. Je pense que le but est vraiment le remake de Jacques Chirac contre Jean-Marie Le Pen. Alors, c’est gros, je sais, mais comme on dit, “plus c’est gros et plus ça passe”. La stratégie est d’amener des français pris en otage d’un jeu dans lequel ils n’existent pas, a avoir le choix entre un socialisme dur sans majorité et un socialisme dur mais démocratique et républicain. Nous sommes, encore une fois, les dindons de la farce pris dans une fourchette géante dans laquelle nous avons beaucoup à perdre.

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