Par Chuck Noel,
« Être de gauche ou être de droite c’est choisir une des innombrables manières qui s’offrent à l’homme d’être un imbécile. Toutes deux en effet sont des formes d’hémiplégie morale. »
José Ortega y Gasset, La révolte des masse
La Droite française n’a rien de comparable à ce qu’on pourrait qualifier de « Droite » dans d’autres pays comme le Royaume-Uni ou encore les États-Unis.
Cette Droite qui est devenu des Droites, est le fruit d’un heureux hasard sous la Révolution Française, lors des premières sessions de l’Assemblée Nationale. Il ne s’agissait pas de remettre en question une Monarchie bureaucratique et ingouvernable mais de savoir s’il fallait maintenir ou non le véto royal (à la promulgation d’une loi). Ainsi, le clivage tire son origine sur un désaccord entre : « donner trop de pouvoirs au Roi ou donner beaucoup trop de pouvoirs au Roi ». Les années qui suivirent n’ont donné que trop de raisons à ce centralisme politique, notamment lors de l’avènement de la République. Plus tard, l’Empire consolidant l’idée « droite » dans le cadre d’un régime autoritaire, centraliste et traditionnel et la gauche un régime républicain centraliste, autoritaire par le biais de ces dirigeants élus par un peuple un et indivisible. (Ndlr. Sans considération des intérêts individuels).
L’Histoire de France permet d’en tirer un premier constat qu’on retrouve malheureusement dans la bouche de nombreux politiques, notamment issus du parti politique « les Républicains » mené par Nicolas Sarkozy. Qui parlent d’État de droit, de Liberté, de Libéralisme ! Pour, dans le même temps, soutenir l’arrestation sous simple soupçon qui préconisée -par Sarkozy – déjà depuis quelques jours. C’est sans oublier la prorogation de l’état d’urgence voté par l’unanimité des députés et sénateurs dit de droite « parlementaire et libérale ».
D’autant que ces qualificatifs sont encore plus antinomiques lorsque ces droitistes se revendiquent du « conservatisme » -autant que le Front national au passage. Un conservatisme au goût étrange lorsqu’on le mélange à un libéralisme qui appelle à réglementer la première innovation sortie du cerveau d’un jeune entrepreneur, un conservatisme qui appelle à renforcer le pouvoir central. Un conservatisme qui se dit d’héritage napoléonien ! Un conservatisme de droite qui joue très bien avec les idées reçus du conservatisme souvent assimilé à un Libéralisme issu de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789. Un Conservatisme français confondu avec le Conservatisme d’outre-Manche, qui lui a au moins le mérite de conserver le Bill of Rights et ses Libertés fondamentales. C’est ce conservatisme Libéral qui était affiché par Burke lorsqu’il critiquait la Révolution Française et sa folie centralisatrice.
La réalité défendue par ces droites : un Conservatisme français synonyme de Jacobinisme, contrairement au Front National qui l’honnêteté de l’assumer, dont la/les droite(s) française(s) tente(nt) de cacher. Néanmoins Alain Juppé candidat à la primaire de « Les Républicains » a eu le mérite de parler « d’ultra-libéralisme » pour désigner la politique menée par le Gouvernement socialiste.
On peut continuer encore et encore sur ces paradoxes propres à cette droite française qui ne s’éloigne guère du petit frère FN, hormis l’absence d’un vaste réseau d’influence pour ce dernier.
La Propriété privée pourtant chère à ces droitistes « turbo libéraux, conservateurs, bonapartistes et nous savons encore quelles autres nominations contradictoires », n’a jamais été aussi bafouée que par l’UMP au pouvoir. Loi Borloo, les lois Grenelles (de l’Environnement), la loi portant engagement sur le logement etc. Toutes ces lois qui ont permis de traire le propriétaire existant ou tout simplement empêcher l’accession à la propriété. De tellement bonnes idées que le PS arrivé au pouvoir a poursuivi sur cette voie notamment avec la Loi « Duflot » en 2014.
Aussi, sur le plan économique la droite est « libérale » dit on ? Est-elle revenue sur les 35 heures tueuses de la productivité des employeurs et de l’emploi ? La taxe carbone ou le RSI qui paralysent les petites entreprises et les entrepreneurs ? Le SMIC qui ne fait que tendre la masse salariale vers le bas ? A-t-elle réformé la Sécurité sociale, hormis changer des règles de calculs déjà complexes et vides d’économies réelles ?
En matière d’innovation, qu’a t-elle fait, hormis la création de l’HADOPI et de la CNIL soit disant pour assurer notre sécurité sur le Web mais dans la pratique pour contrôler encore plus le Citoyen ?
On ne passe pas par la case Justice, les mots d’oiseaux risqueraient de fuser. Suppression du juge proximité délitement du budget de la Justice etc. La Justice n’est t-elle pas un pilier du Libéralisme ? Un petit dernier pour la route, ce n’est pas une volonté de Jacques Chirac de modifier (en 2007) les règles de responsabilité pénale du président de la République pour échapper à des condamnations dans diverses affaires, notamment dans une affaire concernant les emplois fictifs à la mairie de Paris dans les années 80 ? Ce n’est pas son successeur présenté par la classe politique comme un « ultra-libéral » qui a signé le Traité de Lisbonne malgré le « NON » français ? Pourtant les conservateurs anglais respectent le « Brexit ».
On ne va non plus parler de politique extérieure en adéquation avec le principe de non agression Libérale. Bien entendu. Grâce à cela la Lybie est devenu un magnifique pays.
Sans compter les innombrables affaires dont ces parangons de la vertu et de la Liberté se targuent. Clearstream, Karachi, les emplois fictifs de la Ville de Paris et les innombrables affaires de corruption et détournement de fonds publics -dixit Balkany(s)- ou encore les comptes de campagne de Sarkozy en partie invalidés par le Conseil constitutionnel. Invalidation qui avait donné lieu à une collecte ridicule auprès des adhérents de l’UMP. Notons qu’après pareille grossièreté, d’ailleurs, on ne peut être guère surpris de voir un Sarkozy présidentiable pour 2017.
Nous n’avons pas encore évoqué leur électorat, à l’image de l’électorat français dans sa globalité, qui élit cette classe politique, en allant du Front de gauche au Front National, tel de bons petits moutons. En oubliant qu’une seule idée motive toute cette classe politique : « plus d’État, pour plus de pouvoirs » sur ce troupeau de moutons qui n’élit rien d’autre que son loup. L’électorat français en tire une grande responsabilité dans ce cafouillage, d’autant plus qu’il en redemande encore et encore plus d’État.
Messieurs arrêtez de dire que les droites françaises sont libérales ! Présentez-les sous leur vrai jour ! À savoir un débat politique français, gauche/droite, qui se se traduirait par un État fort contre État fort.
« La forme des gouvernements est d’importance minime, quoique des gens de demi-culture pensent autrement. Le grand but de la politique devrait être la durée, qui vaut tout le reste, étant beaucoup plus précieux que la liberté. »
Machiavel