Par Chuck Noel,
L’Individualisme est-il le fruit d’une idéologie générée par « l’immonde » ? Ou est-il justement une loi naturelle inhérente à l’Individu ? C’est le débat qui divise la doctrine politique depuis des siècles. Entre constructivisme qui parle d’une construction sociale qui a mal tournée et Libéralisme qui parle d’une Loi naturelle inhérente indispensable pour assurer la Liberté.
Le sociologue Raymond Boudon avait envisagé la question au XXème siècle et tenter d’y apporter une réponse. Une réponse qui semble pourtant évidente mais dont certains la nient de toutes leurs forces sous couvert d’un pseudo idéal utopique. Alors, l’Individualisme résultat d’une construction d’une société à l’agonie ? Comme pourraient l’affirmer les quelques penseurs Marxistes et positivistes. Ou tout simplement quelque chose qu’on a en soi, une part d’égo en quelque sorte ?
Raymond Boudon développe que même dans la « Citée » les individus partaient du postulat suivant : ils contribuaient à l’intérêt commun non pas comme le ferait une pièce d’un puzzle qui formerait une entité supérieure et indépendante des individus, une forme de « soi » (civique) subconscient pour reprendre les pamphlets rousseauistes. Justement, parce les individus décideraient d’y apporter volontairement une part personnelle qui va constituer l’intérêt commun. Chacun a intérêt que chacun apporte sa part. Ainsi, l’intérêt commun est le produit d’une somme intérêts individuels, autrement dit le fruit d’une réflexion bien individuelle et consentie.
C’est cela qui constitue toute société humaine. Si l’Individualisme est le cœur de la société, c’est justement parce que c’est l’Individualisme qui fait la société. L’individualisme est inhérent à la nature humaine.
Certains dirons que tout cela est faux, en affirmant qu’on peut être altruiste de manière complètement désintéressée et guidé par cette même force intérieure décrite plus haut. Par exemple, lorsqu’une personne donnerait une pièce de monnaie à un sans-abri dans la rue.
Et bien non ! Ce n’est pas une force mystérieuse qui va guider et forcer le bon samaritain à donner sa pièce. Mais l’Individu de lui même ! En effet, c‘est lui qui va prendre la décision ou non de donner la pièce. Parce qu’il le désir. S’il n’en retire pas nécessairement satisfaction, l’individu va au moins en retirer de l’empathie, au pire un sentiment de peur de se retrouver à la place du sans-abri. L’action de donation est toujours réfléchie.
Cette libéralité « spontanée », pour faire référence à l’Ordre spontané de Hayek, est donc présente depuis le début de l’Humanité. Une fois de plus, l’Individualisme est inhérent à la nature humaine.
Certains dirons encore que l’Homme pratiquait l’Individualisme inconsciemment, et que désormais qu’il en a conscience de son existence devrait pouvoir le gommer. Notamment par le Socialisme. Assez surprenant comme logique lorsqu’on ne fonde pas sa réflexion sur la Raison et la volonté individuelle. Cette prise de « conscience » serait alors apparue dans le langage que très récemment.
Or depuis l’Antiquité, les penseurs, dont les écrits nous sont parvenus, se sont alors efforcés à mettre sur le papier, l’existence de « l’égo » c’est à dire le soi. Autrement dit, la conscience d’une individualité capable de faire ses propres choix, comme on le retrouve chez Aristote ou plus anciennement chez Protagoras.
Enfin, certains dirons encore que l’Individualisme est une conséquence de nos sociétés occidentales, notamment lorsqu’il implique un éloignement de la vie civique. En effet, Alexis de Tocqueville au XIX ème siècle dénonçait avec le vocubulaire de son époque « l’individualisme » comme conséquence néfaste de la Démocratie. Or, si on se tient à la définition que nous avons présenté en filigrane jusqu’alors, on s’apperçoit que l’individualisme décrit par Tocqueville n’est pas l’Indiviadualisme puisque l’auteur parle d’une déresponsabilisation, suivi d’un nivellement par le bas du centre d’intérêt ainsi que de la réflexion des individus. Une sorte de repli sur soi. (ou égalitarisme).
Il faut également noter que cet individualisme « Tocquevillien » est provoqué par le pouvoir politique, qui a tout intérêt à voir des individus repliés sur eux mêmes et occupés par des futilités afin d’assoir sa domination. L’Individualisme est tout sauf une conséquence extérieure amoindrissant le raisonnement des hommes.
L’Individualisme, c’est l’Homme, il fait parti de lui, dans sa globalité, en bien en mal. Ce sont les choix des individus responsables qui ont permis, initialement, de fonder la Société civile puis dans un second temps, la Société politique. C’est ce même individualisme, nécessaire à la Liberté, qui défait et refait à sa guise ces mêmes Sociétés.