Par Ivonaldo Leite,
Professeur à l’Université Fédérale de Paraíba/Brésil
D’abord avec Hannah Arendt, le terme vita activa désigne trois activités humanines fondamentales : le travail, l’oeuvre et l’action. Elles sont fondamentales parce que chacune d’elles correspond aux conditions de base dans lasquelles la vie sur terre est donné à l’homme.
Le travail est l’activité que correspond au processus biologique du corps humain, dont la croissance spontanée, le métabolisme et éventuellement la corruption, sont liés aux productions élémentaires dont le travail nourrit ce processus.
Sur l’œuvre, elle est l’activité qui correspond à la non-naturalité de l’existence humanine, qui n’est incrustée dans l’espace et dont la moralité n’est pas compensée par l’éternel retour cyclique de l’espace. L’oeuvre fournit un monde artificiel d’objets, nettement différents de tout millieu naturel. C’est à l’intérieur de ses frontières que se loge chacune des vies individuelles.
En troisième lieu, l’action, l’activité qui met directement en rapport les hommes, sans l’intermédiaire des objets ni de la matière, correspond à la condition de la pluralité, au fait que ce sont des hommes et non pas l’homme, qui vivent sur terre et habitent le monde. Si tous les aspects de la condition humaine ont de quelque façon rapport à la politique, cette pluralité est spécifiquement la condition de toute vie politique.
Alors, ces trois activités et leurs conditions correspondantes sont intimement liées à la condition la plus générale de l’existence humanine. C’est-à-dire, la vie et la mort, la natalité et la mortalité.
Le travail n’assure pas seulement la survie de l’individu mais aussi celle de l’espèce. L’oeuvre et ses produits confèrent une certaine permanence, une durée à la futilité de la vie mortelle et au caractère fugace du temps humain. L’action, dans la mesure où elle se consacre à fonder et maintenir des organismes politiques, crée la condition du souvenir.
La condition humaine dépasse les conditions dans lesquelles la vie est donnée à l’homme. Les hommes sont des êtres conditionnées parce que tout ce qu’ils rencontrent se change immédiatement en condition de leur existence. Le monde dans lequel s’écoule la vita activa consiste en objets produits par des activités humaines. Mais les objets, qui doivent leur existence aux hommes exclusivement, conditionnent néanmoins de façon constante leurs créateurs.
Outre les conditions dans lesquelles la vie est donnée à l’homme sur terre, et en part sur leur base, les hommes créent constamment des conditions fabriquées qui sont propres et qui, malgré leur origine humaine et leur variabilité, ont la même force de conditionnement que les objets naturels.
Enfin, tout ce qui touche la vie humaine, tout ce qui se maintient en relation avec elle, assume immédiatement le caractère de condtion de l’existence humaine.
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