Proudhon contre Rousseau

Par CorsicanLibertarian,

 

 

Si il est une critique cinglante qui n’est pas connu et qui devrait l’être, c’est bien celle de Pierre-Joseph Proudhon envers la notion de contrat social de Rousseau, “contrat social” qui n’est qu’artificiel et qui ne consiste qu’à introduire le dirigisme et l’uniformisation des individus dans la communauté. Rousseau, penseur imminemment constructiviste et bien loin de la soi-disant liberté qu’il prétend défendre, voit l’organisation de la communauté par un contrat social auquel il faut forcer les gens à souscrire pour que les individus soient “libres”. Rousseau invoque la “mort sociale” pour les individus ne souhaitant pas respecter le “droit de cité”, conception au combien exercer par le régime faciste, comme l’a rappelé avec brio mon camarade #ChuckNoel dans son Dossier sur le Projet de Constitution de la Corse de Rousseau.

 

Proudhon, dans Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle qu’il a écrit lorsqu’il était enfermé à la prison Sainte-Pélagie pour “offense au Président de la republique”, il démonte le contrat social de Rousseau, et l’accuse, du fait de la domination de la plupart de ses idées, de la catastrophe sociale de 1793. Il déclare ainsi  » (…) Rousseau, dont l’autorité nous régit depuis près d’un siècle, n’a rien compris au contrat social. C’est à lui surtout qu’il faut rapporter, comme à sa cause, la grande déviation de 93, expiée déjà par cinquante-sept ans de bouleversements stériles, et que des esprits plus ardents que réfléchis voudraient nous faire reprendre encore comme une tradition sacrée. (…)”

 

La conception de contrat social analysée par Proudhon et les conditions qu’ils posent à sa légitimité nous rappellent celle d’un éminent penseur libéral, John Locke, ou d’un compagnon de son homologue anarchiste individualiste américain, Lysander Spooner. On décèle même le droit de résistance à l’oppression cher à Locke : “Le contrat social doit être librement débattu, individuellement consenti, signé, manu propriâ, par tous ceux qui y participent. – Si la discussion était empêchée, tronquée, escamotée ; si le consentement était surpris ; si le consentement était surpris ; si la signature était donné en blanc, de confiance, sans lecture des articles et explication préalable ; ou si même, comme le serment militaire, elle était préjugée et forcée : le contrat social ne serait plus alors qu’une conspiration contre la liberté et le bien-être des individus les plus ignorants, les plus faibles et les plus nombreux, une spoliation systématique, contre laquelle tout moyen de résistance et même de représailles pourrait devenir un droit et un devoir.”

 

 

Proudhon, cependant, ne confond pas le contrat social avec l’aliénation de la liberté chez Rousseau. L’Etat, manifestation de la communauté et protecteur du contrat social chez Rousseau, n’est pas “maître de tous les biens” chez Proudhon. Le contrat social signé, chacun est toujours libre de bénéficier de ses biens et de ses propriétés, qui lui permettent sa protection contre l’Etat : “Le contrat social est de l’essence cummutatif : non-seulement il laisse le contractant libre, il ajoute à sa liberté ; non-seulement il lui laisse l’intégralité de ses biens, il ajoute à sa propriété ; il ne prescrit rien à son travail, il ne porte que sur ses échanges”

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