Par CorsicanLibertarian,
L’esprit de monopole est tellement présent en France que même les individus les plus exploités de ce pays peuvent se faire défenseur des corporations qui, de par les privilèges dont ils disposent, se voient octroyer des salaires et des profits bien plus élevés que ce que permettrait la seule volonté des consommateurs, au dépens des masses, qui voient leur revenu réel diminuer. On ne peut pas dire que l’État nous tue de charges, et au même moment demander à ce qu’il organise la vie économique en distribuant licences, patentes, sermons et en interdisant aux gens de travailler si ils le souhaitent. C’est antynomique, pour la simple et bonne raison que la hausse du prix par la distribution du privilège (et pardonnez le mot, mais cela en est) correspond à une charge, à un impôt.
« Nos monopoles et nos restrictions font qu’à qualité égale, nos étoffes doivent nous revenir plus cher que chez l »étranger. On a réduit le commerce au plus petit nombre de mains qu’ il est possir; on veut gagner le plus qu’ il est possible, or, cela ne se peut faire qu’en surhaussant le prix de la marchandise. » Vincent de Gournay
Il est donc antynomique de dire que nous baissons la tête sous les charges, tout en demandant à l’État de distribuer subvention et aides pour les producteurs en restreignant l’entrée sur leur marché ou en plaçant des droits de douane, car la patente raréfiant artificiellement l’offre, on en arrive à une situation où la société à interdiction d’innover, d’essayer de nouvelles méthodes de production, de concurrencer quiconque. La masse de vos charges ne sera pas diminué, car cela ne sera qu’une substitution d’impôt.
On dit que le taux de prélèvement en France est de 57% par rapport au PIB. C’est une erreur car :
-On ne compte pas le temps que les individus ont perdu en paperasse administrative et qui leur a coûté du temps de loisir ou de production.
-On ne compte pas les quelques 400000 règlementations, qui ont l’équivalent économique d’un impôt-subvention : Par exemple, j’ai l’obligation d’acheter un objet x si je ne veux pas recevoir une amende, cela correspond en terme d’incitations productives à la même chose ; c’est à dire que l’État me prélève par l’impôt la somme finançant le bien x et me donne une subvention en nature qu’est le bien x. Ainsi la réglementation correspond à une taxe et une subvention plus ou moins faible équivalant à la somme des coûts que l’ensemble des individus à qui elle s’applique doivent subir.
-On ne compte pas la totalité des patentes, des licences, restrictions que l’État met en place pour protéger des secteurs de l’activité, sous l’argument du rationalisme constructiviste comme quoi l’ordre est une construction alors qu’il n’est qu’une manifestation. Ces privilèges, appelons un chat un chat, ont pour argument que sans ces différentes « protections » ils succomberaient. Le propos sous-jacent, c’est qu’ils souhaitent une situation stationnaire là où le reste de la société doit subir l’auto-organisation du reste des secteurs, et ils doivent d’autant plus la subir qu’ils supportent le coût de la non-adaptation des secteurs protégés. Les secteurs propos sont eux-mêmes une source d’impôt et de charge, car ils empêchent un déferlement d’innovation et une redistribution plus efficiente des différents facteurs de production dans la société.
Dans sa Tyrannie Fiscale, Pascal Salin a écrit avec raison, que malgré l’énorme taux de 57%, cela ne correspondait toutefois pas à la réalité de l’imposition en France. La réalité de l’imposition en France s’éleverait en réalité à … un taux de prélèvement de plus de 70% par rapport à la richesse du pays. On est bien loin du libéralisme que tout le monde décrit (et même du capitalisme, au vu du dirigisme ambiant et des adaptations non permises), lorsqu’on sait que même le modéré Friedman souhaitait un État ne gérant que 15% de la richesse du pays et ne réglementant que bien peu en comparaison d’aujourd’hui.