Par CorsicanLibertarian,
2) L’impossibilité de la centralisation et sa différence majeure avec l’économie de marché :
En somme, la centralisation est impossible sur le long terme et innefficace, car elle brise toute forme de communication et d’association entre les individus. Le système centralisé n’est pas gérable, il est juste paralysé. Le fonctionnement correct d’un système nécessite l’existence de milliers de leviers (pour reprendre la métaphore de Polanyi). Le planisme sape ainsi tout le système de circulation de l’information. Le planisme centralisé ne peut permettre l’ensemble des informations de circuler, dans l’hypothèse douteuse que celles-ci puissent qui plus est être vraies. Ainsi, dans l’ordre polycentrique de Polanyi, la croissance d’un système (et donc sa complexification) ne rend pas le système caduc, mais au contraire, l’organisation des relations par capita entre les agents accroît la capacité de spécialisation d’une économie, régulent les comportements et permettent les ajustements d’un système s’étendant de par son principe. Pour lui, cela tranche violemment avec les systèmes organisés où l’augmentation de la taille du système n’élève pas forcément ( et quasiment jamais) le taux de régulation des relations per capita entre individus.
Michael Polanyi prend un exemple économique pour expliquer la régulation des ressources par un ordre spontané. Prenons l’apparition d’une pénurie d’eau dans une région. Les quantités offertes d’eau vont donc aller en diminuant, et le prix de l’eau va donc augmenter. Les individus vont répondre à ce signal (le prix) en diminuant les quantités d’eau qu’ils demandent, par exemple en cessant de prendre des bains. Les individus auront eux-mêmes ajuster leurs propres leviers en réaction aux leviers de leurs voisins.
De l’ordre spontané découle notre civilisation et la société marchande. L’interaction des hommes entre eux permet à ceux-ci de bénéficier de connaissances qu’eux-mêmes ne possèdent pas forcément, mais que les individus avec qui ils commercent et s’organisent par ailleurs possèdent, si bien que chacun retire un profit de son intéraction avec autrui. Prenons donc cet illustre exemple , utilisé par Milton Friedman et par bien d’autres : le crayon jaune. Comment est fait un crayon ? Le crayon, par lui-même, est composé de carbonite, de gomme, de cèdre. Même si vous aviez tous ses éléments, vous ne pourriez peut-être pas reconstituer ce crayon. Mais derrière ce crayon, la réalité est beaucoup plus complexe. Derrière ce crayon, vous avez l’acquisition des différentes matières premières, dont l’exploitation dépendra de la rentabilité des différents sites, bougeant au gré des profits. Derrière le découpage du cèdre, vous avez le bûcheron et les quantités de travail qu’il offre. Derrière son offre de travail, vous aurez là encore une serveuse, de par son offre de travail, qui le nourrira et l’abreuvera. En réalité, la constitution d’un objet aussi insignifiant qu’un crayon requiérera des quantités de connaissances bien plus importantes que ce que l’on pourrait espérer. Chaque centre de connaissance va s’ajuster, économiquement, à un ensemble extrêmement complexe, comme les prix, le risque, le profit, la valeur, les demandes et offres de chacun, élaborant ainsi un ordre économique complexe et sans cesse étendu. Chacun, recherchant la satisfaction de son propre intérêt dans des démarches volontaires et productives, bénéficiera à tout un chacun dans la recherche de leur propre intérêt en mettant à disposition ses propres connaissances.