Schopenhauer et la question du Droit et de l’Etat :

Par CorsicanLibertarian,

D’où découle le Droit selon Arthur Schopenhauer ? Selon Schopenhauer, le droit a nécessairement un fondement éthique, et l’éthique, à l’inverse de nombreux autres jusnaturalistes, découle d’un fondement métaphysique. Il ne découle pas du libre-arbitre comme chez les objectivistes ou de la Raison comme chez Emmanuel Kant. Le Droit Naturel découle de l’unité profonde de l’être. La même Volonté s’exprime dans la nature pour d’autres êtres et sous différentes formes et produisant dans la nature des résultats différents. Mais dans l’état de nature, cette Volonté se déchire car chaque animal y est la proie d’une autre, d’où la nécessité des hommes de dépasser l’état de nature pour se constituer en société civile (théorie du porc-épic). Ainsi, l’éthique et le droit reposent sur un principe directeur empếchant la Volonté de se déchirer : “neminem laede” ou “ne nuis à personne”, qui n’est pas sans rappeler le “Don’t tread on me” du Gadsden flag et le principe de non-agression énoncé par Murray Rothbard.

Pour Schopenhauer, le but de l’Etat est d’empêcher la Volonté de se déchirer et faire respecter ce principe directeur en minimisant les agressions et les ingérences injustes. Cette situation semble paradoxale cependant à Schopenhauer, car l’Etat se retrouve à devoir effectuer un travail harbu, qui consiste à “associer la force et le droit afin qu’au moyen de la force, ce soit le droit qui règne”.

Ainsi, le Droit préexiste à l’Etat et il s’oppose ainsi à Kant, pour qui il n’y a pas de droit parfait de propriété en dehors de l’Etat. La propriété, de par la Volonté, existe même dans l’état de nature, et celle-ci est accompagnée d’un droit naturel et parfait, et sa violation est une injustice, et sa défense ne peut être injuste.

C’est pour cela qu’il nie que toute notion positive du Droit puisse exister tout en étant cohérente. Pour Schopenhauer, dans son Parerga et Paralipomena, la notion du Droit comme la notion de la Liberté ne peut être que négative car son contenu est “une pure négation”. C’est, à l’inverse, “la notion de tort qui est positive” car elle a “la même signification que nuisance – laesio – dans le sens le plus large. Elle concerne ainsi la personne ou la propriété de l’individu. Les droits sont facilement définissables puisqu’ils ne sont rien d’autre que le droit de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui, et qui respecte son éthique de réciprocité, “traite les autres comme tu voudrais être traité”. L’éthique de réciprocité s’oppose intrinsèquement à la loi du plus fort, en ce que chacun se doit de respecter les droits d’autrui au risque de se voir retirer les siens dans la même mesure.

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