Par Chuck Noel
Mise à jour 14 août 2016 : Dans la nuit du 13 août 2016 une nouvelle rixe a éclaté dans une crique à Sisco entre jeunes insulaires et personnes d’origine maghrébine, plusieurs blessés à l’arme blanche dont un dans un état critique. On retrouve, dans ce nouveau triste fait divers touchant la Corse, le même schéma que ce qu’on a pu observé lors de l’expédition punitive qui avait eu lieu dans les jardins de l’empereur à Ajaccio en décembre 2015. À savoir, un rassemblement spontané et pacifique (louable), puis, à la suite de communiqué de presse d’obscures associations à la description des faits tout aussi contradictoire, d’une expédition punitive disproportionnée et hâtive (condamnable). Une nouvelle donnée est peut être à rajouter celle qui semble être la recherche d’un casus belli entre corses et musulmans, le communiqué de presse du FLNC adressé à Daesh tend à vouloir confirmer ce pressentiment.
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Je manque de temps pour rédiger un vrai billet de fond, mais je vais tâcher néanmoins de répondre à ce qui s’est passé ce 25 décembre à Ajaccio.
Je n’analyserai pas cela -évidemment- du point de vue ethno/communautaire mais simplement de manière éthique.
Rappelons les faits : dans la nuit du 24-25 décembre des pompiers appelés pour ce qui semblait être un départ d’incendie, dans la cité « des jardins de l’empereur » à Ajaccio, sauf que ces derniers sont tombés dans un véritable guet-apens. Les pompiers en sont ressortis avec quelques blessures corporelles mais aussi matérielles notamment à l’encontre de leur camion anti-incendie.
Après la connaissance de la nouvelle par la population de la ville, un mouvement spontané de soutien aux pompiers s’est dirigé dans le calme vers la préfecture de Région à Ajaccio. Réunion spontanée qu’on ne peut que saluée puisqu’elle est l’émanation d’une initiative spontanée de la population sans aucun appel d’une quelconque organisation politique ou étatique.
Tout se passait dans le calme jusqu’au certains voulant en découdre ont décide de partir en action punitive à l’aveugle, sans connaitre l’identité des coupables de l’agression des pompiers, s’en ai suivi un véritable pogrom à l’encontre des lieux de cultes musulmans de la cité. Je m’arrêterai là, pour les faits.
“Céder une fois à la foule, c’est lui donner conscience de sa force et se condamner à lui céder toujours. ”
Gustave Le Bon
La question qui se pose bien entendu (en dehors de toute considération raciale évidemment condamnable) avait-il un droit à la légitime défense ? Si oui, était-il proportionné ?
On va faire bref, en effet le principe qui régit naturellement tous les individus, c’est le principe de non agression : autrement dit en cas d’atteinte à nos droits et Libertés naturelles par une personne privée il faut s’en remettre à la Justice. Justice pour laquelle on a donné son consentement pour régler les litiges privés à notre place et ce pour pallier à l’incertitude qui était présente dans l’état de nature.
Mais quand cette justice est défaillante ou en carence peut-on réagir nous même ? En effet, la légitime défense individuelle est une des limites au principe de non agression dès lors que les forces de l’ordre et de justice sont en insuffisance on peut répliquer justement.
Toutefois, cette limite au principe de non agression comporte elle aussi une limite, pour éviter de retrouver l’incertitude de l’état de nature, il faut que la légitime défense reste proportionnée aux faits litigieux, autrement dit mener une action punitive à l’aveugle sans connaitre l’identité des auteurs de la première atteinte, résultat de l’insuffisance des forces de l’ordre, contre une population en raison dans son appartenance religieuse est DISPROPORTIONNÉE. La juste proportion serait une réaction à l’encontre des auteurs de la première agression et ce toujours en cas de carence des forces de police et de la Justice. Ce qui pose par ailleurs, un problème sur le bien fondé du contrat social.
Alors pourquoi avoir convenu librement à la société civile puis politique pour retrouver les mêmes incertitudes que dans l’état de nature ?
Mais l’État– dans son auguste abus- à tout intérêt d’institutionnaliser cette incertitude : « massacrez-vous pour mon plus grand plaisir. »