Par Chuck Noel
Enfer et damnation ! Voilà qu’encore une fois la SNCF se met en grève. Les raisons ? Elles restent inchangées depuis sa création, revalorisation des salaires, moins de temps de travail etc. On connaît le train-train. Alors que la SNCF n’est plus rentable.
Ces grévistes chevronnés de la seule entreprise de transport ferroviaire de France, rappelons-le, soutenus par le puissant syndicat, aux idées d’un autre monde, qu’on ne nomme plus assez : la CGT. N’hésitent plus à lancer « des mouvements sociaux », c’est comme ça qu’ils disent, tous les mois, si ce n’est toutes les semaines. On leur a ouvert les vannes, pourquoi s’en gêner ? De plus, ces jours non travaillés se retrouvent indemnisés par l’intermédiaire de ce même syndicat, qui lui même perçoit de fortes « aides » de la part de « mère » État. Bien entendu, argent que « mère » État a préalablement « collecté » chez les con-sentants con-tribuables.
I –Quel légitimité pour le droit de grève : l’exemple type de la SNCF
La corporation SNCF est l’exemple type des limites du droit de grève et qui dans les faits est un véritable droit à la grève avec son lot d’effets pervers que pourraient produire un « droit à ».
En effet, la Grève est une rupture des relations contractuelles, pour être légitime elle devrait être prévue dans le contrat de base ou non de manière libre, consentie et éclairée, l’employeur et lui seul pourrait ou non admettre le droit de grève dans les clauses de ses contrats de travail, c’est son image et la compétitive de son entreprise qui sera mise en jeu.
Si la grève advient un « droit à », c’est à dire imposé par l’État, on laisse la porte ouverte à l’arbitraire dans les relations contractuelles entre les hommes, puisque dans notre cas l’employeur se retrouve en position de faiblesse et d’incertitude dans la réalisation de ses obligations contractuelles vis à vis de son salarié, sauf que pour la SNCF l’employeur c’est l’État ou tout du moins un de ses supplétifs, le pouvoir politique a tout intérêt de faire généraliser un tel droit de grève.
Ainsi, la grève n’est pas un droit mais une arme de coercition de l’État contre la Liberté et les droits naturels qui ne seront plus garantis, conformément au contrat social originaire.
Mais il ne faut pas non plus négliger la Liberté d’expression, qui est une Liberté de base, et le meilleur moyen pour dénoncer les atteintes à la bonne exécution du contrat de travail de la part des deux parties.
Si à l’origine le droit de grève, bien que généralisé, peut être assimilé à la liberté d’expression, c’est à dire la liberté d’exprimer par l’arrêt du travail son mécontentement vis à vis d’une politique patronale menée au sein d’une entreprise et de facto interrompre le contrat de travail, s’il permet de rendre public des remontrances et aboutir ou non à une modification libre et éclairée du contrat par l’employeur. Il ne doit pas être un droit au chantage, à la menace physique (manifestations violentes), et pire encore à la menace de paralysie du pays. Comme c’est exactement le cas aujourd’hui, avec la SNCF et on a vu ça lors de la dernière réforme des retraites en 2010.
Par conséquent, un monopole d’État, soutenu par une hégémonie syndicale a permis à la SNCF de s’accaparer un pan entier de la société civile. Nous remercions, l’État pour cela, principal actionnaire de la SNCF.
Concrètement, comme tout bon Capitalisme de connivence, c’est le consommateur qui en paie les pots cassés, puisque ce pouvoir de chantage octroyé à la SNCF permet non pas seulement de ralentir le transport mais l’Économie de tout un pays, l’emploi de tout un pays, un retard ou carence ce n’est pas grand chose lorsqu’elle touche une personne, mais lorsqu’il touche plusieurs millions de personnes, et pas que françaises ! C’est autre chose !
Le Léviathan SNCF soutenu par son grand frère État peut prendre en otage n’importe qui, et n’importe quand et pour toujours plus se repaitre des âmes du consommateur et du contribuable, qui n’a pas le choix.
II –La SNCF : reflet d’une Société d’ordres.
La SNCF qui n’est pas isolée bénéficie d’une situation tellement privilégiée, en commençant par situation de monopole, qu’elle en ferait rougir les nobles d’Ancien Régime.
Concrètement qu’est ce que ça donne ?
Tant pour l’entreprise en situation de monopole et ayant la mainmise sur le rail, autrement dit ayant vie et de mort sur le transport de passagers et de marchandises et donc sur un pan entier de la Croissance économique.
C’est au niveau de la masse salariale que tout cela se dessine. Élevés en nouvelle aristocratie, les agents de la SNCF, sédentaires et cheminots « roulant » bénéficient d’un régime de retraite, rien que pour eux et affreusement avantageux.
Ainsi, à titre de comparaison l’âge de départ à la retraite d’un agent de la SNCF était de 55,1 ans contre 61,9 pour un salarié du commun… pardon du privé. Concrètement, cela donne une possibilité de liquider le régime de retraite à 50 ans pour un cheminot et 55 ans pour agent sédentaire contre 62 dans le comm… privé. Ce régime spécial avait été en 2012 encore conforté par François Hollande et ce contre l’avis de la Commission européenne.
Si la réforme menée par le « Libéral » Sarkozy en 2008, qui de prima abord a fait reculer l’âge de départ à la retraite de ces valeureux cheminots, mais en douceur, il ne faudrait pas qu’ils descendent dans la rue… Cette réforme à surtout accru le coût de ces pensions de retraite du troisième type, ainsi la réforme de 2008 a pu voir une augmentation des coût, par notamment, l’intégration des primes dans le calcul des pensions de retraites par exemple. En 2015, l’État arrosait les seuls cheminots de plus de 3,5 milliards d’euros. Ne vous inquiétez pas, c’est gratuit, c’est l’État qui paie et l’inflation aussi.
On attendrait d’ici 2017 de voir l’âge de départ reculer à 52 ans pour les cheminots et 57 ans pour les actifs, si une grève –chantage n’intervient pas entre temps.
Autre point de rupture avec le commun, c’est le calcul de ces retraites, on parle beaucoup de retraites-chapeau, de parachute dorée, mais on ne parle jamais du calcul des retraites des agents SNCF. Ainsi, la base de calcul d’un agent SNCF se fonde sur les 6 derniers mois d’exercice, les meilleurs ! contre les 20 dernières années « déclarées » voir plus dans le privé. C’est sans compter le fantastique taux de remplacement de 75% minimum !
Bien entendu, quel serait un bon régime de retraite –dérogatoire- sans une valorisation des pensions au gré des évolutions des prix ? Encore mieux, lorsque le cheminot décède une pension de réversion sans condition d’âge et de ressource de l’époux/épouse de celui-ci. N’oublions pas la sécurité de l’emploi qu’offre une carrière chez la SNCF.
Certaines mauvaises langues vont dire : « cela est justifiée par la pénibilité de travail de nos cheminots ». Une seule réponse : « le train à vapeur, c’est terminé ! ».
Enfin, on ne peut pas passer à côté des avantages en nature, tels que la fameuse « facilité de circulation » offerte au personnel de la SNCF… ainsi qu’à leurs proches. Cela se traduit par la gratuité des transports ou des tarifs réduits sur des trajets proposés par la SNCF. Magie ! La Cour des comptes a relevé que plus de 1,1 millions de personnes en bénéficient dont seulement 15% sont des cheminots ! Aller encore une fois : « C’est gratuit, c’est l’État qui paie ».
Conclusion : Une solution pour la Liberté : la fin du monopole !
Toute cette mascarade n’est pas le fruit d’un quelconque alignement de planètes, mais bien des politiques menées depuis toujours et avec le consentement des individus-électeurs… qui n’ont pas bien compris qu’en consentant à une telle engeance, ils consentaient encore plus à leur servitude.
Une solution possible : en finir avec la situation de monopole du preneur d’otage, l’ancien preneur d’otage perdant tout à coup son arme, devra faire comme n’importe qui s’adapter sur un marché concurrentiel. La perte de monopole entrainera ainsi de facto la fin des privilèges et une baisse subite des dépenses publiques.
Cette fin de monopole n’entrainera pas une hausse du chômage, puisque les nouveaux acteurs économiques du rail recruteront forcément, c’est ce qu’on appelle la « création-destructrice ».
Ce travail a peut-être déjà commencé (comme quoi les miracles sont possibles) avec la libéralisation du transport d’autocar par Emmanuel Macron, qui a permis de créer près de 1000 emplois et faire réduire près de moitié les frais de transport des usagers. La guilde CGT cheminots est déjà montée au créneaux affirmant une baisse de 250 millions de chiffre d’affaires de la SNCF. Le reflet d’un « capitalisme de connivence » archaïque et incapable de faire face comme tout bon entrepreneur s’adapter à un marché en perpétuel évolution. Dans tous les cas la création destruction démontre son efficacité.
Enfin, le plus primordial, l’ouverture à la concurrence sera le meilleur Rampart face à toute tentative de Capitalisme de connivence de la part de l’État et de ses sbires syndicaux.