Dieu ! Qui n’a pas vu, sur le programme du Front National, sur la sortie de l’euro, cette citation de Milton Friedman où celui-ci critique la création d’une monnaie européenne. Il est affligeant de voir Milton Friedman cité, alors que le Front National ne serait guère enthousiasmé par ses propositions en terme de politique monétaire.
Combien de frontistes, adhérents, sont au fait des théories monétaires de Milton Friedman ? Combien réagiraient positivement, ou même réagiraient simplement, en entendant parler de changes flexibles, de théories quantitative et de niveau de prix stables ? Ce n’est que pure spéculation, mais on peut se douter qu’ils seraient bien peu. Par exemple, Milton Friedman via la Théorie quantitative de la monnaie (Production × Niveau des prix = Vitesse de circulation de la monnaie × Masse monétaire) stipule que le la masse monétaire ne doit être augmenté que si la production totale du pays augmente. Ces différentes sont placées très loin du Front National. Si on peut se douter de ce que penserait Milton Friedman des propositions du Front National, on peut également imaginer ce qu’il aurait pu ressentir au fait de figurer sur le programme d’un parti étatiste au possible.
Milton Friedman, dans son livre « Contre Galbraith » (réunissant des interviews et des critiques de l’économiste Galbraith) illustrent sa manière d’appréhender les politiques monétaires de l’époque. Il parle notamment de la Grande-Bretagne.
Prenons donc cet exemple : Nous sommes en Grande-Bretagne, à la fin des années 70. Le tissu économique est en lambeaux, l’inflation y est importante, le taux de prélèvement est de 50%, L’État-Providence prend 60% de la richesse du pays, les syndicats sont omnipotents, la Banque Centrale crée de la monnaie pour compenser la différence entre impôt et dépense. Quelles propositions fera donc Milton Friedman ?
À ces yeux, le problème le plus important est de mettre fin à l’importante inflation qui caractérise l’économie anglaise et déstabilise toutes l’économie. Il propose ainsi la fin du déficit public, non par la création monétaire, mais par la diminution de la dépense publique (et seulement ainsi pour ne pas affaiblir une industrie déjà touchée), à savoir une baisse de 10 points pour ramener la dépense au même niveau que le taux de prélèvement, ainsi que la fin des privilèges syndicaux comme le closed shop (qui font augmenter les taux de salaires au dessus de leur niveau naturel et provoquant chômage et inflation).
C’est ce que fit Margaret Thatcher, lorsqu’elle diminua la dépense publique privatisa des secteurs de l’économie, diminua les taux d’imposition les plus hauts (ce qui paradoxalement permit une hausse des recettes fiscales et une diminution du déficit) et la fin des privilèges syndicaux.
L’inflation revint à un niveau bien plus faible. Le chômage, qui avait augmenté avec les restrictions budgétaires et monétaires, a recommencé à baisser après plusieurs années. L’économie redevenait productive, petit à petit et le tissu économique se reconstituait.
Voilà donc la grande leçon des Thatcher au Le Pen, des Friedman aux frontistes : la pédagogie contre la démagogie.