Par Chuck Noel.
2015, Marine Le Pen cite Milton Friedman dans son programme économique. Pourquoi ? Quels enjeux ? Quand on sait que la patronne du FN avec son « État stratège » est diamétralement opposée aux idées Libérales voire libertariennes de Friedman c’est à dire par une absence absolue de l’État dans l’Économie. Il n’en a pas été toujours ainsi, si le programme du FN n’a guerre évolué sur le plan sociétal, il a néanmoins fait un virage à 180° sur le plan économique… donnant pour preuve le manque de cohérence et de convictions d’un parti en réalité attrape-tout.
1. Une Pensée initialement Reaganienne et Thatchérienne
Pour comprendre, ce manque de cohérence, il faut remonter dans les années 80 au cœur de la Guerre Froide, où le programme économique de Jean-Marie Le Pen ferait aujourd’hui trembler de dégoût Phillipot et comparses.
En effet, programme économique du FN était libérale voir ultra-libéral, c’est à dire qu’il ne laissait aucune place à l’État dans l’Économie. Autrement dit, « Laissez-passer et Laissez-faire ».
Le programme de Jean-Marie Le Pen, s’alignait sur les programmes de ses homologues d’outre manche et d’outre-Atlantique. Respectivement Margareth Thatcher et Ronald Reagan, dont il était intime.
Son origine Poujadiste dont il était député en 1956, y a fortement joué. Concrètement, le programme économique de Jean-Marie le Pen reposait sur 2 axes :
–La prééminence du secteur privé, c’est à dire avec un interventionnisme étatique réduit quasiment à néant, et l’interdiction des nationalisations. Cette prééminence était concrétisée par la Liberté d’entreprendre des commerçants, artisans, petits entrepreneurs etc… et une hostilité sans borne à l’égard des syndicats étatisés, par exemple la CGT.
–L’idée d’un État régalien, avec une organisation politique décentralisée dont l’État central était limité qu’à ses fonctions régaliennes et dont le prélèvement de l’impôt était limité qu’au financement de ses fonctions. Jean-Marie Le Pen dénonçait farouchement ce qu’il appelait « le matraquage fiscal » ou « l’impôt confiscatoire ».
De plus cet État serait étroitement contrôlé par les « citoyens » contre tout abus. Nous retrouvons des traces de ce libéralisme dans un discours de celui-ci en 2007 où il affirmait encore : « L’activité économique sans laquelle il ne peut y avoir de politique sociale que ruineuse s’est progressivement affaiblie, le chômage est monté, les impôts et les charges aussi. Les dépenses publiques n’ont cessé d’augmenter, écrasant d’impôts les entreprises qui pourtant sont les seuls organismes économiques capables de créer de la richesse et l’emploi. »
Mais retournement de situation en 2011, avec la succession de Jean-Marie à la tête de la formation politique par sa fille Marine, le nouveau cap est très vite annoncé. Marine Le Pen, soutenu par son père, va annoncer l’idée d’un État stratège située à des années Lumières des idées présentées jadis par Jean-Marie dans les années 80.
2. Un FN 2.0 : aux penchants marxistes.
Le FN 2.0 ne rechigne pas de réutiliser le champ lexical de la gauche, voir de l’extrême gauche, pour dénoncer, « « le grand patronat », « le capitalisme », ou encore le prétendu « ultralibéralisme » de l’Union européenne, qui ne peut être libéral dès lors que l’UE intervient dans le jeu de la concurrence avec sa notion de « concurrence pure et parfaite ».
Concrètement, en lisant le programme économique du FN version 2015, qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, ainsi on peut lire que les salaires supérieurs à 1500 euros seront augmentés de 200 euros nets autrement dit c’est l’État qui fixe les salaires, on est loin de l’État régalien du « papy » ; autre mesure la revalorisation des pensions de retraites qui n’est que le reflet d’une politique conjoncturelle sur la consommation propre aux politiques socialistes. C’est sans compter que cette revalorisation ne pourra qu’être financée que par l’impôt ; dernière mesure dont on peut souligner l’opposition avec le FN 1.0 c’est la mise en place d’un impôt sur le revenu progressif avec une hausse de tranche haute des revenus à plus de 46%.
C’est sans compter le rôle de « l’État » qui sera désormais central, mais surtout « stratège », autrement dit un État capable de se mêler de tout et n’importe quoi pour le bien de tous, disent-ils. Ce n’est pas un hasard que des militants CGT avaient applaudi ce programme bien trotskyste lorsqu’il leur avait été lu, sans mention du FN.
3. Que conclure ?
Jean-Marie Le Pen, ne renie nullement, ce nouveau programme économique et il l’encourage, même. Est-ce un aveu que le FN est un parti « attrape-tout » ? Sans cohérence ?
Ce changement systématique de cap, quitte à avoir un cap carrément opposé, est propre aux partis populistes, profitant d’une instabilité politique et de la versatilité des Peuples pour se les accaparer. On ne joue plus sur la cohérence d’un programme politique, si cela avait été le cas un jour, mais sur des craintes, des symboles « souvent » antinomiques. Le but de la démarche étant d’être élu, peu importe par qui, dès lors que l’élection est conduite par l’ignorance.
Le FN n’est pas un cas isolé, dans cette méthodologie de l’attrape-tout, celle de l’ignorance et de l’irrationalité. Il n’y a qu’à observer le Parti socialiste au pouvoir, pour y entrevoir, cette incohérence, il n’y a qu’à voir la composition de l’actuel Gouvernement. C’est également sans compter les prises de postures du parti « Les Républicains » tantôt libérales, tantôt sécuritaires et interventionnistes, pour comprendre qu’un seul but les animes : celui de contrôler vos vies grâce à l’appareil d’État.