Billet -La petite histoire du contre-terrorisme : entre Liberté et servitude.

Suites aux attentats de ce mois-ci, l’État a décidé de donner les bouchées doubles pour lutter contre le terrorisme « islamiste » mais ce contre-terrorisme ne cache t-il pas une autre réalité ? 

 

Tout d’abord, il faut comprendre ce qu’est le terrorisme islamiste, il nous faut parler de l’évolution de l’idéologie islamiste au cours de l’Histoire.

 

Il nous faut définir le Djihad qui signifie « lutte » et par automatiquement « guerre sainte ». Celui-ci se divise en deux conceptions :

Le Djihad offensif qui se veut universaliste et qui se caractérise comme étant une véritable guerre de conquête pour étendre la religion musulmane, c’est ce déjà au 16ème se targuait l’empire Ottoman lors du Siège de Vienne en 1529, pendant sa guerre dans les Balkans jusqu’à sa chute à l’issue de la fin de la première guerre Mondiale.

Puis un djihad défensif plutôt non expansionniste et nationaliste, c’est la posture de tous les pays musulmans pendant la guerre froide, chiites et Sunnites par exemple après le renversement du Chah d’Iran par « Révolution islamiste » en 1979.

 

Le Djihad offensif ne sera redécouvert par les Frères musulmans en Egypte par Qutb dans les années 20, s’il reste marginal pendant toute la période de la guerre froide. Il connaitra son renouveau à l’issue de celle-ci notamment lors de la résistante islamique face à l’URSS en Afghanistan dans les années 80.

 

En 1988 est créé Al-Quïda par Ben Laden, cette organisation terroriste est la première à redécouvrir le Djiad offensif à l’heure des nouveaux moyens de communications, et prôner de nouveau un Islam globalisé.

 

Tout cela sera intensifié lors du 11 septembre 2001 avec l’attentat des Tours jumelles, qui servira d’ailleurs de prétexte aux USA d’intervenir d’abord en Afghanistan puis en Irak.

 

C’est à partir de là que l’Occident redécouvre ce qu’elle qualifie de terrorisme de grande envergure, si l’Angleterre avait connu un terrorisme catholique et la France un terrorisme anarchiste au 19ème siècle, c’est vraiment après les attentats de 2001 que la notion réapparait.

 

En réponse les USA vont initié un contre-terrorisme notamment traduit par le patriot act, réforme serait justifiée pour rendre plus efficace la lutte désormais mondiale contre le terrorisme, la France en 2015 suivra de près avec la loi sur le renseignement accentuée après les attentats de Charlie Hebdo du 9 janvier dernier, ni d’ailleurs les attentats de Paris survenu ce mois de novembre.

 

Ce contre-terrorisme se justifie dans quelle mesure qu’elle est sa place vis-à-vis des autres États, vis-à-vis de l’État de droit, puisque-il semble très ambigu ?

 

Ce qu’on peut appeler le contre-terrorisme se définirait par les moyens technologiques et militaire mis en œuvre pour parer les offensives du mêmes genre des organisations terroriste, comme aujourd’hui l’organisation État islamique, (I) celui-ci prétend être mondial mais reste floue faute de consensus entre les états, qui ne sont même pas d’accord sur la notion de terrorisme. (II)

 

I –Le contre-terrorisme une notion à vocation « noble ».

 

Officiellement, le contre-terrorisme serait l’arme ultime pour lutter contre comme son nom l’indique contre le terrorisme notamment islamique, cette lutte s’accompagne par des moyens technologiques et militaires et policier pour s’y faire. Contre un ennemi sans visage. Cela se traduit concrètement par des interventions militaires sur le sol d’États souverains, nous y reviendrons. Mais aussi par une surveillance accrue des citoyens des États participant à cette lutte, et cela passe par des moyens technologiques comme la biométrie, le fichage, la loi du renseignement en France traduit exactement ce sentiment.

 

Le contre-terrorisme a changé complètement la face des États démocratiques puisque dans ce domaine ils sont passés d’État de droit autrement dit limité par le droit à État policier s’arrogeant même du contrôle du juge et créant un véritable État d’exception dans l’État de droit.

La place de la technologie est de plus en plus importante, à l’heure de l’Internet puisque le terrorisme notamment à l’instar de l’EI n’a pas hésité de s’afficher sur les réseaux sociaux et cibler un public toujours plus large. Le contre-terrorisme n’a pas eu d’autres choix de s’adapter à peine d’être larguée, surtout lorsque l’ennemi est invisible.

 

Néanmoins le contre-terrorisme pour le terrorisme qui a une vocation globalisée, le contre-terrorisme prétend également les souverainetés, tout en remettant en cause la conception d’État de droit mais à quel prix ?

 

 

II –Les limites inhérentes du contre-terrorisme liées à son ambiguïté.

 

Le contre-terrorisme reste une notion très floue, elle vise d’une qu’une forme de terrorisme l’islamisme radical. Au travers de faisceaux étatiques, on pense le terrorisme au travers d’État alors que les principales organisations terroristes sont des personnes morales de droit privé comme l’est l’État islamiste, et non des états souverains à part entière puisqu’aucun des acteurs du contre- terrorisme ne reconnaît l’existence de cet état islamiste. De plus ces organisations sont globales, certes avec un théâtre d’opération principal, mais éparpillées de part et autre du globe, c’est le cas d’Al-Qaïda et de ses diverses branches comme AQMI par exemple.

 

Ainsi, le contre-terrorisme justifie l’agression d’État, certes occupés par ces organisations de droit privé, mais qui reste souverain aux yeux du droit international. La répression de ce terrorisme touche au plus profond la souveraineté de ces États fautes d’accords avec ceci.

C’est là que le contre-terrorisme peut ressembler au terrorisme c’est qu’il outrepasse les droits internes et internationales comme pour le terrorisme faut-il être plus réaliste pour lutter efficacement contre celui-ci ?

 

Mais chose étrange le contre-terrorisme « technologique » à très vite montré ses limites puisqu’en mettant à nue -avec ces différents dispositifs « patriot act » et loi du renseignement- la vie des citoyens. Il a montré son impuissance à prévenir le mal, l’attentat de Paris de ce mois-ci en est malheureusement la preuve, tous les commanditaires étaient fichés « S ».

 

Sur le plan des Libertés individuelles si chères aux États occidentaux, on constate que le contre-terrorisme s’immisce de plus en plus sur le plan des Libertés individuelles puisque désormais les États n’hésitent plus à mettre en place un régime d’exception beaucoup plus facilement que certains –osons-le- certains états moins attachés aux Libertés. La preuve en a été cette semaine en France, où le président de la République n’a pas hésité à rallonger la durée de l’état d’urgence qui permet de contrôler la presse et d’effectuer des perquisitions à toutes heures sans contrôle d’un juge à 3 mois au lieu de 12 initialement, puis dans un second temps le constitutionnalisé.

 

Ici, le contre-terrorisme semble être aussi hostiles aux libertés que le terrorisme.

 

Le contre-terrorisme n’est-il pas un prétexte en réalité pour les États d’intervenir de part et d’autres du monde et pour limiter les libertés ? Ou est-ce justement le seul moyen de lutter contre le terrorisme invisible au prix du droit et de notre Liberté ?

 

« Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux. »
Benjamin Franklin.

 

 

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