Par CorsicanLibertarian,
Si le nom de Friedrich Hayek est généralement associé à des thèses purement économiques, sa contribution et son intérêt pour la philosophie politique et l’étude du Droit n’est pas en reste.
Prenons La Route de la servitude, que les gens citent en général lorsqu’ils parlent de Hayek : ce manifeste libéral du XXe siècle qui est encore un best-seller de nos jours, montre comment l’emballement totalitaire qui ravage l’Europe des années 1940 est la conséquence directe des idées purement autoritaristes caractérisant les socialistes de la pré-époque des fascistes, nazis et bolchéviques qui ont prévalues durant l’entre-deux guerres, à l’opposé des explications étatistes qui pointent du doigt une dégénérescence du capitalisme. Pour Hayek, la socialisation de l’économie et l’intervention massive de l’État sur le marché débouchent sur la suppression des libertés individuelles; il n’existe pas de différence de nature mais seulement de degré entre le communisme et le nazisme, entre le socialisme et le totalitarisme. Ayn Rand a dit quelque chose de bien similaire : « la différence entre un État-Providence et un État totalitaire est une question de temps. » C’est ainsi que Hayek déclare que ce sont moins les idées purement allemandes que l’autoritarisme socialiste qui sous-tendent ces idées qui ont conduit au nazisme.
Hayek est aussi un grand partisan de la Rule of Law, comme il le montre dans la Constitution de la liberté, en 1960. La Constitution de la liberté reprend de manière plus positive le cadre normatif (Rule of Law, état de droit) qui sous-tend un ordre politique libéral. La Rule of Law pourrait être traduite de plusieurs manières: le gouvernement du Droit, le règne de la loi, ou encore – mais l’expression a été reprise dans un autre sens – l’état de Droit. L’état de Droit est la représentation d’une loi supérieure à n’importe quelle puissance politique. Elle condamne également toute tentative de subversion du Droit par des autorités judiciaires. Hayek est l’un des plus ardents défenseurs de la Rule of Law durant le vingtième siècle, et il ètablit une généalogie de cette idée phare du libéralisme. Il la définit par les caractéristiques suivantes : Non-rétroactivité des lois (le principe de la non rétroactivité de la loi pénale permet d’empêcher l’application d’une loi nouvelle à une infraction non encore jugée qui a été commise avant l’entrée en vigueur de cette loi), un système juridique connu, certain et simple, l’égalité de tous devant la loi (cette idée sous-tend la thèse d’égalité des droits, selon le principe que les hommes naissent libres et égaux en droit), un pouvoir judiciaire indépendant (Hayek se réfère au CommonLaw en comparaison de la juridiction à codes), un gouvernement soumis à des règles, un système juridique qui contrôle la légalité des actes administratifs et des décisions de justice et enfin une Déclaration des droits (Bill of Rights).
Hayek est également celui qui a popularisé l’idée d’Ordre Spontané : la particularité sous-jacente de l’Ordre spontané est qu’il ne se voit pas, et est le résultat de la somme de toutes les intéractions des individus entre eux, et qui forme cette ordre se modifiant constamment, résultat de la volonté des individus. Cela rejoint ce qu’avait dit avant lui Herbert Spencer lorsqu’il déclara : « L’erreur des législateurs a ses racines dans la croyance erronée que la société est une machine. En fait, la société est un processus de croissance. » L’idée d’ordre spontané est l’héritage des Lumières écossaises que sont Adam Smith, Adam Ferguson et David Hume. Il y a une idée d’évolutionnisme de la société dans la conception hayekienne (par exemple, pour Hayek, le Droit résulte d’un processus de décision dans le but de le découvrir), inspiré de Herbert Spencer et surtout de Edmund Burke (qui est un des philosophes qui a probablement le plus Friedrich Hayek).