- Sommaire :
- I-Le futur « master pour TOUS » ou le futur « chômage pour tous »
- II Quelles seraient les conséquences de la mise en place d’un tel système ?
- III -Aux origines du mal : l’égalitarisme républicain.
- IV -Problème déjà posé au début du 20ème siècle : Le diagnostic du bon Gustave le Bon.
- V –Le coût de l’université public française : l’étudiant la première victime.
- VI – La déliquescence de l’université française pour quel dessein ? Entre nivellement par le bas et sectorisation sociétale.
- VII –Quelles solutions ?
Par Chuck Noel.
« L’éducation, aussi bien que la charité, est devenue, chez la plupart des peuples de nos jours, une affaire nationale. L’État reçoit et souvent prend l’enfant des bras de sa mère pour le confier à ses agents ; c’est lui qui se charge d’inspirer à chaque génération des sentiments, et de lui fournir des idées. L’uniformité règne dans les études comme dans tout le reste ; la diversité, comme la liberté en disparaissent chaque jour. »
Alexis de Tocqueville.
I -Le futur « master pour TOUS » ou le futur « chômage pour tous »
Le « master pour tous » une idée qui germe depuis quelques semaines dans la tête de certains idéologues de gauche comme le syndicat étudiant l’UNEF. En effet, l’idée est de supprimer la barrière existante entre la première année de Master (M1) et l’entrée en Seconde année de Master (M2) qui se fait par le biais d’une sélection. Les tenants de cette « génialissime » idée soutiennent que la réforme LMD de 2002 n’est pas allée jusqu’au bout en interrompant la poursuite des études en M1 pour les moins doués.
La réforme LMD a eu pour effet d’harmoniser les diplômes existant sur le territoire de certains pays membres de l’Union, ainsi cette réforme a posé un tronc commun aux études négligeant les particularités liées peut être à certains domaines. Ce qui a eu pour conséquence d’inciter les étudiants à la poursuite des études. Sans compter dans le même temps la facilitation du baccalauréat qui a eu également pour conséquence d’engorger les diplômes proposés par les Universités françaises avec les problèmes que nous connaissons, nous y reviendrons plus bas.
Pour les partisans de ce « master pour tous » c’est d’instituer un véritable droit AU diplôme, autrement dit le diplôme doit être à la portée de tous, du plus grand monde. Le diplôme doit être la norme. Comme ce fut le cas du droit « au » travail, avec les conséquences funestes dont on connaît bien les effets de nos jours, notamment par l’implication de l’État de plus en plus grandissante dans le marché du travail, et dans le Marché et au détriment de nos Libertés individuelles primaires.
Sauf que ces « intellectuelles de salon » ont oublié une chose primordiale : c’est que le diplôme pour tous mène inéluctablement au chômage, sans compter les autres effets plus profonds que produiraient un tel chamboulement.
II Quelles seraient les conséquences de la mise en place d’un tel système ?
Tout d’abord, la suppression de la sélection en M2 augmenterait inévitablement le nombre d’étudiants titulaire d’un Master 2, ce qui aurait pour conséquence logique selon le principe de l’offre et la demande de réduire inéluctablement la valeur du M2 au yeux des futurs employeurs, qui sachant que la demande va dépasser l’offre vont dévaluer les salaires pour les titulaires de M2, mais aussi exiger une qualification plus solide pour certains postes, ce qui va entrainer pour les titulaires de ces diplômes une baisse de leur employabilité, ce qui va inéluctablement forcer ces derniers à se tourner vers des emplois moins qualifiés. Ce qui structurellement va avoir pour effet de causer un décalage dans la chaîne des emplois plaçant le moins diplômé au ban de cette chaîne autrement dit sans travail.
La suppression de la sélection en M2 causerait également des frustrations chez les étudiants puisqu’ils seraient réduits à prendre un emploi exigeant un niveau moindre que leur niveau d’études. Le même phénomène était déjà d’actualité au début du 20ème siècle. Les étudiants qui le peuvent partent pour l’étranger à titre d’idée en 2008 le nombre d’étudiants expatriés avait bondis de 16%, en 2013 27% des étudiants envisageaient leur avenir professionnel à l’étranger.
Enfin c’est sans compter que l’augmentation croissante du nombre d’étudiants en première d’année à l’Université – en 2015- l’Université comptait 60 000 étudiants supplémentaires. Du fait notamment de l’absence de sélection en première année et l’explosion des titulaires du baccalauréat.
Le master pour tous n’est qu’un corollaire d’une politique menée depuis plus d’un siècle : celle de l’égalitarisme républicain.
III -Aux origines du mal : l’égalitarisme républicain.
La problématique ne date pas de hier, mais de la seconde partie de la Révolution de 1792. Si les Libéraux en 1789 avaient proclamé l’idée d’égalité de droit, en aucun cas cette égalité nierait les facultés de chacun si les hommes étaient égaux en tant qu’Homme, ils ne l’étaient pas dans leur vie en Société puisque l’Humanité connaît une diversité de talents. D’ailleurs sans la reconnaissance plus ou moins affirmé des talents l’Humanité n’aurait pas bougé d’un pouce, ça donnera plus tard l’URSS, qui était une Nation figée dans le temps.
Les révolutionnaires de 1792 composant la branche socialiste et radicale de la Révolution vont être les premiers à ancrer cette idée d’égalitarisme notamment dans leur concept de Nation tout droit inspiré des pamphlets rousseauistes. Ces égalitaristes révolutionnaires sont symbolisés par des personnages comme Robespierre ou Saint Just ou encore des personnages plus radicaux que ces radicaux comme Babeuf.
Cette tendance égalitariste se traduit par une égalisation des conditions, des intelligences et même biologique, dit-on pour extraire toute corruption de l’Homme. Et pour mener à un bien un tel projet égalitariste il faut passer par les droits créances autrement dit les « droit à ».
La seconde République de 1848 est un parfait exemple de ce qu’on peut appeler de « République égalitaire » notamment avec l’institution d’un droit au travail, vivement critiqué par Alexis de Tocqueville qui y voyait là un chemin vers le communisme et l’annihilation des Libertés individuelles, puisque l’État se chargerait de veiller à l’exécution de ce droit au travail.
C’est véritablement sous la IIIème République1 pour ce qui concerne l’Éducation plus particulièrement que le relent égalitariste a été le plus intense. Notamment par les lois « Ferry » sur l’École en 1881-1882, qui va généraliser le concept d’instruction –de préférence à l’école républicaine- pour TOUS. Le but a peine inavoué était de former un véritable corps d’écoliers voués aux idées du républicanisme français, et ce sans aucune finalité d’insertion professionnelle. Le but –inavoué- était de donner goût à l’égalité aux jeunes français, c’est à dire les rendre dépendant de l’État républicain français, qui serait le seul habilité pour transmettre le savoir, en donnant l’illusion aux écoliers –déjà ! –qu’ils étaient fait pour les études.
C’est qui va donner le fameux système de « concours » généralisé qui se traduit par un apprentissage mécanisé d’un domaine de compétence donné, système qui a pour effet de ne laisser aucune place à la réflexion. C’est notamment Gustave le Bon dans son ouvrage « Psychologie des foules » dénoncera avec les conséquences funestes qui se sont suivies.
1Beaucoup de libéraux affirment que le Républicanisme de la IIIème République était particulièrement libéral, selon moi, c’est faux. Si le Libéralisme place l’individu au centre des discussions, ce qui est vrai pour ce républicanisme qui parle d’individu, le Libéralisme place aussi cet individu dans aucun craquant idéologique ou moral puisque l’individu est un tout, sa conscience, sa façon de pensée lui est propre et de facto ce qui fait de lui un être de libre pensée. Or, le Républicanisme de la IIIème République, ne considère l’individu, les lois Ferry en sont la preuve, que sous son aspect républicain, on devient individu seulement si on adhère aux idées républicaines Françaises et non autrement. Or le Libéralisme dans son sens noble avance l’idée d’un individu un et indivisible situé en dehors de tout carcan idéologique.