Par Chuck Noel
Dernière partie de notre parcours au coeurs du projet Rousseauiste comme bon tout projet qui annihile l’individu, il faut sa dose de manipulation. Conscient de sa folie en proposant de tels systèmes, le publiciste en herbe prévoit toujours un aspect psychologique dudit système pour éviter son délitement, en effet les hommes tendent toujours à revenir à leur état de nature, c’est à dire à leur individualité et donc à la Liberté concrète. Pour Rousseau c’est ce qu’il faut éviter à tout prix, « il faut changer la nature humaine » quitte à utiliser les bassesses pour y parvenir. C’est que Rousseau tentent de faire dans le Projet de Constitution pour la Corse, un tel système sera d’ailleurs repris par la Terreur. Notamment marqué par l’insertion d’une Religion « civile ».
Le maintien du régime : une histoire de manipulation.
Il va reprendre à son profit les leçons de Machiavel et de son « Prince » en donnant des astuces pour amadouer le peuple, ainsi que le formule Rousseau : « La crainte et l’espoir sont les deux seuls instruments avec lesquels on gouverne les hommes. »
Il faut jouer sur l’opinion des hommes pour supprimer leurs « préjugés », en leur inculquant la Croyance que le travail est un moyen d’aller au bien-être. Ce qui suppose une participation active de l’État, « les arbitres de l’opinion d’un peuple le sont de ses actions. »
Pour cela rien de plus simple, Rousseau propose de porter de grandes lois afin de générer une situation de désir pour de « grandes choses » et de facto y générer de l’orgueil nécessaire pour forger la grande dict… nation.
Il faut à tout prix supprimer la paresse de l’esprit humain –comprendre par paresse toute activité ne relevant pas de l’agriculture. Comme il le disait dans son Contrat social il faut que « Celui qui ose entreprendre d’instituer un peuple doit se sentir en état de changer, pour ainsi dire, la nature humaine. » Si l’orgueil ou par la même la vanité générerait de l’ambition naturellement de l’innovation, c’est l’État qui va stimuler cet orgueil, en mettant à la portée des individus des objets capables de les tenter comme par exemple le fait de travailler plus, produire plus pour complaire à l’état en lui donnant le surplus de sa production afin d’y obtenir les faveurs de celui-ci.
Ces politiques incitatives ont pour but de renforcer la dépendance de la population à l’État. Rousseau veut se passer de toute puissance civile -c’est à dire la société civile qui se distingue de l’État qui est soumises aux passions humaines préférez aux libertés individuelles et qui constitue un véritable contre-pouvoir face à la puissance politique -afin que s’exerce (dans l’économie de la puissance civile) « le grand art du gouvernement non seulement pour se maintenir lui-même mais pour répandre dans tout l’État l’activité́, la vie ; pour rendre le peuple actif et laborieux. » Ce qui renvoi directement à cette phrase du Prince de Machiavel : « Gouverner, c’est mettre vos sujets hors d’état de vous nuire et même d’y penser. » Ainsi il ne faut surtout pas que la société civile prenne le pas sur la société politique car comme le dira Tocqueville que : « La Société politique tombe dans la barbarie dans le même temps que la Société civile achève de s’éclairer »
Pour pousser le vice un peu plus loin, Rousseau comme il l’illustre également dans son contrat social, va instituer une Religion civile (voir aussi supra) que tous devra embrasser sous peine de condamnation à la mort sociale, cette religion se matérialise avec le fameux serment et l’appui solennel de la religion traditionnelle notamment en faisant des références à la Bible. Et le registre qui répertorie tous les assermentés tenu par d’« honnête et preux » magistrats.
Ce serment est renouvelé aussi souvent qui le faut, à l’occasion de fêtes nationales organisées également pour occuper les foules et leur esprit : « On les détournera de la superstition en les occupant beaucoup de leurs devoirs de citoyens ; en mettant de l’appareil aux fêtes nationales », il empreinte un aspect Chrétien en faisant appel aux lois naturelles (Bible : de facto 10 commandements) afin d’attirer plus aisément la population Catholique : « L’ignorance c’est la force. » Pour y insérer de manière dissimulée son vrai dessein le positivisme juridique, où en réalité tous devront se soumettre aux lois des magistrats : les lois positives, en reprenant la conception Hobbesienne selon laquelle : « la seule façon dont la Loi naturelle peut se prévaloir est que les hommes se soumettent au commandement du Souverain »
Par là, il peut justifier l’aliénation du droit de propriété comme il devrait s’entendre, mais aussi de la liberté d’opinion on n’a pas d’autre choix qu’embrasser les idées de la religion civile et de sa constitution, mais également la Liberté d’aller et venir (V. supra sur le changement de piève équivalant à 3ans de mort sociale), sans compter la Liberté d’entreprendre et tout autres libertés individuelles. Ce n’est rien d’autre que de l’étatisme : « L’étatisme assigne à l’État le devoir de guider les citoyens et de les tenir en tutelle. » comme le dira Von Mises en 1944 dans son « état omnipotent ».
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Tyrannie tel est le vrai visage de Rousseau, il est connu pour être un des premiers manieurs d’opinion moderne, ainsi on a pu croire à l’école qu’il était un jusnaturaliste pour en réalité n’être qu’un positiviste aussi relativiste que Hobbes. On l’apprend aussi amoureux du « moi », mais d’un moi abstrait qui est au dessus de la conscience et la réalité de l’individu, un « moi » qui déciderait à la place de l’individu, un moi qui n’est autre que « lui ». Comme pour certains nationalistes corses au discours enjoliveurs, qui semblent libéraux sur le papier, sont comme les discours de leur guide Rousseau de douces petites doses d’arsenic qu’on verserait dans le bol de lait matinal.