Immigration : remise en question de la conception de Hoppe (Partie 2)

Par CorsicanLibertarian,

Dans ce contexte (voir la première partie), imaginons la situation suivante, dans laquelle je souhaite volontairement accueillir un étranger. Je suis prêt, par exemple, à l’embaucher et/ou à l’héberger. Cependant, mes voisins souhaitent m’en empêcher, et utilise la violence pour cela (soit de manière privée par l’agression directe, soit en m’imposant des pénalités et des amendes et en restreignant mes Droits, par l’utilisation de l’appareil étatique). Qui est le plus illégitime ? L’immigré, clandestin certes, que j’ai librement invité sur ma propriété, de mon propre fait, volontairement, ou le « français de souche » qui viendra pour le jeter dehors ou le tuer, car il a « envahi la France », à savoir MA propriété, pour lequel ce « Français de souche » serait bien incapable de me montrer le titre de propriété, et qu’il appelle SA terre ? Les principes lockéens répondent sans problème à notre question, du fait que le principe d’appropriation lockéenne stipule que chaque homme crée des droits de propriété (par l’application de la propriété de soi) sur des éléments environnants en y mêlant son travail. De ce fait, en appliquant ces mêmes principes lockéens, un étranger qui arriverait dans un pays et modifierait une partie de l’environnement (et qui en vertu de ses Droits Naturels) serait le propriétaire légitime de ces lieux ainsi modifiés. Et en tant que maître souverain de lui-même (et puisque dans cette optique, il n’use aucune de coercition envers autrui), il a toute légitimité à se protéger et à se défendre contre tout acte coercitif attenté à son encontre.
Imaginons également que certains libéraux, que certaines personnes appellent les néolibertariens (ou plus couramment sous le nom d’agoriste) vivent dans un pays où l’État est omnipotent, ceux-ci auront une démarche visant à protéger leurs Droits Naturels via la participation à la Counter-Economics (c’est à dire aux marchés parallèle ou noirs, dans lesquels ceux-ci s’engagent à respecter mutuellement leurs droits de propriété). Certains peuvent naturellement décider d’embaucher des gens vivant autrepart, en vertu de la liberté contractuelle et de la libre-entreprise relative qui existe dans la Counter-Economics, chacun cherche à éviter l’impôt qui est considéré comme un vol, et bien peu bénéficient de l’État Omnipotent. Encore une fois, dans une telle situation où personne n’est agressé et où chacun s’organise librement, que peut-il y avoir de rédibitoire et de coercitif, qui demande l’éjection hors de frontières tracé par notre maître à tous, l’État ? Un grand économiste a dit un jour que pour savoir juger de manière cohérente et satisfaisante des situations de la vie de tous les jours, il fallait raisonner en terme de Droits Naturels et de Droits de propriétés légitimes. Qu’est ce qui , en terme de valeur, supplante mon Droit de propriété sur mon corps et sur la capacité de ma volonté à contracter avec quelqu’un, qu’il soit d’un pays A ou d’un pays B ?

Cette argumentation est relativement inconsistante, car elle demande la violation de Droits Naturels à cause d’une violation précédente de Droits Naturels. Qui plus est, Hoppe se contredit quelque peu lorsqu’il argumente ainsi en faveur d’une politique migratoire restrictive (avec ou sans État-Providence, tant que des propriétés publiques existe ET que les différences entre les niveaux de salaires des pays de départ et d’accueil divergent trop ; le lien est juste ici http://herve.dequengo.free.fr/Hoppe/Hoppe1.htm ) et que, paradoxalement, il dit ici : « La meilleure chose à faire pour la liberté serait de diviser l’Europe en plein de petits États. Cela vaut également pour l’Allemagne. Plus l’expansion territoriale d’un État est petite, plus il est facile d’émigrer et plus l’État doit se montrer conciliant envers ses citoyens, afin de garder ceux qui sont productifs. » (Le lien est ici encore : http://blog.turgot.org/index.php?post/interview-hoppe ). Si certes on peut admettre que l’opinion selon laquelle de petits États seraient moins coercitifs, on peut douter qu’il n’y ait cependant plus de propriété publique dans ceux-ci. Dès lors, si ils en admettent, comment pourraient-ils se limiter par l’émigration de leurs citoyens si les États alentours admettent les prérogatives de Hoppe ? Mystère.

Qui plus est, l’argument de divergence de salaire est un argument qui semble être de l’utilitarisme en bonne et due forme. Il souhaite interdire (en prenant spécifiquement cet argument) un acte, non pas pour les moyens mis en œuvre, mais pour les potentielles conséquences qui en résulteraient. Mais les baisses de salaire qui peuvent avoir lieu dans un cadre de concurrence accrue des facteurs travail peuvent justement être principalement nominales (et non réelles), augmentant les encaisses réelles et à terme rendant le stock de capital de l’économie plus important.

Une partie de cette argumentation sur les biens publics réside également dans le fait que les nouveaux arrivants bénéficieront de biens que d’autres ont financé ces biens depuis bien plus

longtemps. Ainsi, les nouveaux arrivants seraient des bénéficiaires nets alors que les contribuables présents de base sont des contributeurs nets, et on assisterait donc à un phénomène de passagers clandestins. Mais la solution la plus simple, la moins coûteuse et également la moins liberticide en terme de Droits Naturels dans ce cadre étatique est encore faire payer l’utilisation de ses « biens publics ».

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