Cela fait quelques temps déjà qu’est soulevée la question d’une incompatibilité manifeste entre le libéralisme et le conservatisme, autrement dit la notion « libéral-conservateur » serait un non-sens pour certains « libéraux » français.
Qu’en est-il concrètement ?
Brièvement, la notion de « conservatisme » se définirait comme la volonté d’un certains nombres d’individus de maintenir coute que coute, un ordre social, moral, économique et politique en place, jugé comme le fondement même d’une société donnée. Notons que le conservatisme ne nie pas l’idée d’évolution, comme le démontre Burke –figure du conservatisme classique. Il faut également préciser que le conservatisme se distingue de la « réaction », le réactionnaire n’a pas dans l’immédiat l’esprit de préservation, il cherche à rétablir –par la force au besoin-un ordre social, moral politique ancien-et souvent idéalisé- qu’il va juger comme fondamental dans sa vision de la Société, il pourra par la suite être qualifié de « conservateur » une fois l’ordre souhaité rétablit puisqu’il luttera pour sa préservation.
A côté le « Libéralisme » se définit comme un ordre politique et économique où la Liberté-au sens large- est sa pierre angulaire dans la limite des « droits naturels » protégeant l’Individu –entité concrète constitué dans l’usage pour un Homme d’une conscience pleine et entière à l’opposé de toutes contraintes abstraites attenantes à un corps social considéré comme seul être doté d’une conscience. Ces droits naturels étant la propriété, la sûreté, -bien sûr- la Liberté et la résistance à l’oppression, traduite par l’établissement d’un Pouvoir politique limité (Séparation des pouvoirs etc…) Par conséquent le Libéralisme s’oppose naturellement aux doctrines contractualistes (Hobbes, Rousseau etc..), socialistes, et communistes qui nient l’individu : la Liberté prônant ainsi la présence du pouvoir politique dans tous les stades de la société. Mais le Libéralisme reste cependant incomplet dans la mesure qu’il est une philosophie principalement politique et économique, l’aspect moral et social ne se retrouve alors que de second ordre puisqu’il considère que l’individu devrait agir selon sa propre conscience -dans la limite des droits naturels.
Que faut-il en conclure ?
On a dit que le conservatisme peut être d’ordre politique, moral, social ou/et économique, et que le libéralisme ne touche que des dimensions essentiellement économique et politique. Il est incomplet. Ainsi, on peut en arriver au syllogisme suivant : si le libéralisme est incomplet, cela veut nécessairement dire qu’il peut être complété par quoi ? Le progressisme ? Pourquoi pas… alors pourquoi pas aussi le conservatisme lorsque celui est moral et social voir politique, en d’autres termes on peut être « libéral-conservateur » dès lors que ce conservatisme n’est pas contraire aux droits naturels et autres fondamentaux du libéralisme, à savoir la conception d’un État limité entres autres. Ainsi, le conservatisme politique quand il toucherait aux fondements du Libéralisme, ces deux concepts seront en effet antagonistes. A titre d’exemple, le Conservatisme « révolutionnaire » que connaît la France d’aujourd’hui ne peut être assimilé à l’étiquette libéral-conservateur, puisqu’en effet celui-ci prône la préservation d’un État providence s’immiscent à tous les étages de la société, couplé d’une centralisation politique poussée à l’extrême où toutes les affaires des hommes se décideraient depuis la Capitale. Ce qui amènerait à la problématique du libéralisme conservateur en France.
Pourquoi tant de réticences à l’idée d’un libéralisme conservateur en France ?
La notion libéral-conservateur est une notion à la fois récente et floue, en effet si on regarde du côté des pays anglo-saxons les deux notions semblent s’être naturellement imbriquées, il n’y a qu’à voir la conciliation opérée par Burke en Angleterre à la fin du 18ème.
En France, il semblerait qu’on ne soit jamais arrivé à une telle conciliation tout du moins à la nommer ainsi, car la tradition politique Française amène les Français –en général- à développer une réflexion binaire de la philosophie politique pour faire simple : d’un côté les conservateurs, de l’autre les libéraux –à tort- qui sont forcément progressistes. Paralysant ainsi toute évolution de l’échiquier politique Français. Il en est ainsi depuis la Révolution… Même si d’authentiques « libéraux-conservateurs » ont émergé en France, mais catégorisés seulement « libéral » ou « conservateur » on peut parler d’Alexis de Tocqueville ou encore de Benjamin Constant au 19ème siècle.
Mais depuis peu de nouveaux intellectuels et politiques ont saisi l’opportunité du flou qui pesait dans la définition du libéralisme-conservateur en France. Ainsi, on a pu voir fleurir de nombreuses personnalités se revendiquer « libérale-conservatrice » sur le simple fait qu’ils revendiquaient une baisse des impôts… sur le court-terme… tout en défendant l’État providence et centralisé- sacré paradoxe ! Ainsi par cette habile manipulation des mots, ces personnalités ont pu aisément ratisser large en exploitant le côté rassurant du mot « Libéralisme », assimilé à tord comme une baisse des charges par la population sans en préciser le sens du mot conservatisme… qu’on englobe abusivement dans un cadre strictement moral.
Ainsi, on peut en conclure que si conservatisme et libéralisme sont compatibles lorsque le premier n’empiète pas sur le second dans les aspects politiques et économiques, mais dans le cas précis de la France on a affaire à un véritable non-sens puisqu’en réalité se cache derrière cette notion découverte que récemment en France, de viles arrières pensées électoralistes –aux antipodes de la définition qu’on pourrait se faire du « libéralisme-conservatisme ».