Frédéric Bastiat ou l’éloge du bon sens. « Ce qu’on voit » et « ce qu’on voit pas. » (Partie 1/3)

iceberg_ClevengerAprès un article consacré sur son œuvre « la Loi » dont l’objet était strictement juridique avec sa critique de l’Etat providence ou socialiste contre dénaturant la Loi de son essence. Aujourd’hui nous nous consacrerons à son ouvrage « Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas, ou L’économie politique en une leçon », écrit en 1850 presque en même temps que « La Loi ».

Avec ce titre ambitieux Bastiat s’attaque à la problématique économique générale, à savoir la critique du simplissime économique ou facilité économique, qui se traduirait par un raisonnement « pavlovien » d’une situation économique donnée, où l’on va constater simplement « ce qu’on voit » par paresse ou mauvaise foi, au détriment de « ce qu’on voit pas » qui peut être cruciale à tout bon raisonnement économique. L’auteur dès les premières ligne de son ouvrage, va illustrer ses propos par des « cas d’école » applicable à n’importe quelle situation pour démontrer le bien fondé de l’importance du « ce qu’on ne voit pas » qui a de véritables conséquences sur l’Economie –avec un grand « E »- d’une Nation toute entière. On pourra citer son premier exemple qui concerne une vitre cassée ou l’auteur démontre avec simplicité « l’imbécillité » de certains raisonnement, concrètement A se retrouve avec une vitre casser, il fait intervenir B vitrier, A le rémunère B pour sa prestation. Raisonnement « imbécile » : A a sollicité le secteur des vitrier en faisant réparer sa vitre, « c’est ce qu’on voit ». Si on suit cette logique A devra casser toutes vitres alors ?, sauf que A a perdu de l’argent en rémunérant B, donc logiquement il a perdu un choix, celui avec cet argent donné au vitrier, acheté autre chose et solliciter n’importe quel autre secteur, A aurait donc la jouissance de sa vitre (si elle n’aurait pas été cassée) et d’un objet quelconque : « c’est ce qu’on voit pas ».

 

Outre ce raisonnement –appelé aussi la parabole de « vitre cassée »– Bastiat va poser une multitude de problème en posant le problème de l’impôt, en passant les travaux publics ou encore l’art et le Théâtre. C’est une critique de la subvention, de la contribution, du traitement ou tout simplement de l’utilisation de l’argent public ! Détourné comme pour « la loi » de son postulat. Deux mots pour qualifier ce livre : « Bon sens ».

 

On fera une présentation succincte de tous les thèmes abordés (hormis le premier qui a été traité plus haut), et j’inviterai le lecteur à se référer directement à l’ouvrage. Cet article se fera en trois parties, pour rendre le texte plus lisible, et moins redondant.  Je n’ai pas la prétention d’être exhaustif.

 

-Le licenciement.

La sécurité est au prix de biens des sacrifices Bastiat le reconnaît mais il surenchère sur l’étendu de cette sécurité, et critique du maintient de certains postes « inutiles » dans l’armée qui peuvent être vus comme un « trou béat » pour le contribuable.

 

La logique utilisée par Bastiat est assez « simpliste » en apparence mais au combien pertinente, ainsi on dit qu’au prix de 100 millions on maintient 100 000 personnes « passives » ainsi que leur fournisseurs à flot, c’est un sacrifice salutaire, et si par malheur il advenait que ces personnes soient licenciées cela générerait plus d’offre de travail et donc cela amènera inéluctablement vers une baisse des salaires. « C’est ce qu’on voit ». Mais Bastiat réfute et répond simplement, mais ces 100 000 personnes ils étaient payés par le contribuable, dernier qui a vu son « pouvoir d’achat réduit » pour les maintenir, ainsi si on supprime ces 100 000 postes « non nécessaires », le contribuable verra son « pouvoir d’achat » augmenter, celui de ses fournisseurs également, donc s’il est employeur il pourra logiquement avaler ces 100 000 personnes à des œuvres « productives » et « nécessaires » car il sera demandeur, et ce sans que les salaires soient revus à la baisse, puisque que le contribuable n’a plus cette charge des 100 000 personnes.

En gros, ces 100 millions pour Bastiat sont une perte sèche pour la Nation, ainsi une perte inutile, l’entretien de ces 100 000 personnes est inutile puisqu’ils ne font rien, donc ces 100 millions devraient plutôt stimuler la croissance par le « travail fourni », et non par « rien ».

 

–L’impôt

 

L’impôt selon Bastiat, et il suit ce raisonnement dans quasiment toutes ses « rubriques », n’est pas quelque chose à combattre (même idée que les travaux publics  v. infra) en tant que tel, mais une chose sujet à réflexion. Son raisonnement limpide permet de nous faire une idée d’un impôt « inutile » que Bastiat assimile a un vol, ainsi si on donne 100 a un fonctionnaire, ont avantages ces derniers et leurs fournisseurs « c’est ce qu’on voit », mais dans l’œil du contribuable ce n’est pas pareil donc : A donne 100 à L’Etat (ou fonctionnaire)sans contrepartie réelle, ce dernier lui achète une chose 100, le fonctionnaire a obtenu quelque chose, A a donc donné son argent, qu’il récupère mais perd la contrepartie. Donc perte sèche pour A, et ses fournisseurs et par extension à la Nation toute entière. « C’est ce qu’on voit pas »

Toutefois si A donne 100 à l’Etat contre un service, ce dernier achète une chose à A, ce sera un échange, « donnant, donnant ».

 

Concrètement, Bastiat se fait combattant de l’impôt pour financer « le luxe », ainsi il combat tout genre de fioriture qui serait apportée à l’Etat, tel que par exemple un couvert supplémentaire pour un ministre, car dans ce cas si on suit le raisonnement suscité- l’industrie au sens large en pâtira par une perte sèche dans les revenus de l’artisan ou de l’ouvrier, et grande la perte serait pour la Nation.

 

Ce problème de l’impôt finançant ce genre fioriture est encore –malheureusement- bien d’actualité, on est bien loin du temps du Général de Gaulle payant ses factures téléphoniques personnelles à l’Elysée. Ainsi, Valarie Trierweiler l’ex concubine de François Hollande aurait saccagé plusieurs centaines de milliers d’euros de mobiliers à l’Elysée. Qui paie l’addition ? Le « con-tribuable ». Sinon, croissance de la France ? Au point mort.

 

-Théâtres, beaux arts.

 

Bastiat dans ce chapitre fait une critique frontale de l’art ou du théâtre, plus largement la « Subvention ». Pour Bastiat la subvention de l’art serait une aberration, si on suit son raisonnement, assez logique, s’il existe une subvention « spéciale » des arts et du théâtre, qui nous dit que cette subvention « spéciale » ne se transformera pas en subvention tout courte ? Ici, on peut faire une analogie avec la « Loi » puisqu’il critique cette manie qu’ont les gens à s’en remettre à la réglementation systématique de tous les domaines d’activités de l’homme, car si on suit la logique de ces « législatophiles » : une chose non réglementée ou subventionnée n’est pas dans la Civilisation. Ceux qui réfutent cela sont des arriérés, pas beaux, et méchants. Sinon, l’absence de réglementation, ainsi, n’empêche pas l’Homme de Croire, d’admirer le beau, d’être industrieux, travailleur etc… On peut faire l’analogie avec cette idée de « fraternité ou égalité forcée » faite dans « La Loi », les Hommes n’ont pas attendu d’être « encadrés » pour être fraternels entres eux, si on suit la pensée aristotélicienne c’est même une nécessité, l’accomplissement de bonheur de soi, passe aussi par l’accomplissement du bonheur des autres.

 

Pour Bastiat, donc, la subvention, est une mauvaise chose. Car sans subvention rien n’empêche l’Homme d’accéder à l’art, et de l’apprécier, ainsi comme il le dit justement, et ça vaut encore pour aujourd’hui, les théâtres qui fonctionnent le mieux sont ceux qui ne sont pas subventionner – on ne peut que citer le succès de l’humoriste « controversé » Dieudonné et de son théâtre de la Main d’or qui fait toujours salle comble.

 

La subvention de l’art et du théâtre concrètement, se traduit par la remise d’une somme d’argent prise « on ne sait où » (contribuable) car c’est le « vote » qui la fait naître, pour la reversée à des « artistes, troupes, comédiens etc… » « C’est ce qu’on voit ». Mais, au détriment du contribuable, qui est le plus souvent l’ouvrier productif, qui si on suit la logique de Bastiat : Le contribuable par la subvention perd de l’argent donc devient moins productif, consomme moins, ses fournisseurs opèrent à un manque à gagner, résultat : perte sèche pour la Nation. « C’est ce qu’on voit pas ».

Voilà comment la subvention tue l’ouvrier, soit disant pour le maintenir dans la « Lumière ». Sans compter que cette subvention est souvent détournée vers d’autres secteurs, toujours plus, toujours plus, « C’est gratuit, c’est l’Etat qui paie » pour reprendre la boutade de notre chère Président Hollande.

 

Pour conclure, que ce n’est pas d’en haut que doit venir la subvention, mais d’en bas. Bastiat a vu juste. Mais une question se pose : dans quel état serait l’Art dans ce cas ? Si on suit le raisonnement de l’éminent Tocqueville, l’art en « démocratie » serait vil, sans profondeur, car destiné au plus grand nombre ? Pour l’instant aucuns faits ne nous permet de le démontrer, mais on peut dire que l’Art subventionné –surtout celui d’aujourd’hui- est un instrument de pouvoir, car c’est encore pire qu’à l’époque de Bastiat, la « spontanéité » devant le « Beau » a quasiment disparu, au  profit d’un « art » sans âme, seulement destiné à être sujet d’interprétations scabreuses, traduites par une sorte de « patte blanche » au « Monde ».

 

 

 –Les travaux publics

 

Bastiat use toujours du même syllogisme, dans ce chapitre il combat clairement ce qu’on appelle « les ateliers nationaux » en vigueur sous la Seconde République, afin d’occuper les chômeurs, résultats : un déficit creusé, pour des résultats plus que médiocres. En effet, les travaux publics, peuvent être nécessaires, et le sont si on s’en tient à la théorie des « facilités essentielles », c’est à dire qu’aucune entreprise n’a vocation de disposer d’un réseau de chemin de fer ou de gares privées disséminées un peu partout sur ce réseau. Ici, les travaux publics sont utiles. Mais quand il s’agit de construire des ouvrages publics inutiles, c’est toute une Nation qu’on paralyse, puisque, certes, on occupe des ouvriers « c’est qu’on voit » mais on en empêche les autres de travailler, « c’est ce qu’on voit pas ».

 

Or, ce sont les contribuables qui financent ces travaux, la encore perte sèche, puisque on pourrait presque dire que l’ouvrier travail en nature et non pas pour de l’argent puisque il sera taxé justement pour financer l’ouvrage, ou simplement ce sera quelqu’un d’autre qui perdra de l’argent, donc ses fournisseurs en perdront également, aboutissant à une perte sèche. Bastiat n’est pas contre les travaux publics mais seulement lorsqu’ils sont consentis par la collectivité qui participe avec le fruit de son travail à leur réalisation par le paiement d’une taxe, paiement de l’œuvre « utile ».

 

On peut faire de l’idée de Bastiat une analogie, ainsi dans le système américain, ou au niveau de la commune, ou du district ce sont bien les citoyens de la commune, ou les représentants des citoyens du districts, qui votent ou non l’urbanisme, pour des projets qui vont apporter un plus à la collectivité, donc à la productivité à terme de ces mêmes citoyens, celui ci est au centre des travaux public. Alors qu’en France, les citoyens ne sont pas vraiment sollicités –hormis quelques consultations sans véritable force pour les gros œuvres. Même logique que pour l’art, la sollicitation d’ouvrage public doit se faire par le « bas », et non par le « haut ».

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