Dans la pensée libérale je demande le neveu, Frédéric Bastiat, se situe dans la ligne droite de l’Ecole classique du libéralisme, son ouvrage majeur « La Loi » publié en 1850 sous l’éphémère Seconde République qui marque l’avènement du suffrage universel et où furent organisés les fameux « ateliers nationaux » pour les chômeurs, voulus par Lamartine et qui furent un désastre dans une France affaiblie après la chute de la Monarchie de Juillet.
Son ouvrage se découpe en deux idées, le mal et son remède.
I –La loi dégénérée.
Bastiat, fervent catholique, a eu le temps de « contempler » et « admirer » l’Humanité pour en arriver au constat suivant : L’individu ne connaît pas la liberté, la Loi lui a arraché.
Attention, sous la plume de Frédéric Bastiat, « La loi » est celle dont se sont accaparés un certain nombre d’individus métamorphosé par l’auteur en un Législateur inspiré par un Publiciste. Cette « Loi » qui édicte le bien, qui décide à la place de l’individu qui – pour situer son raisonnement, regroupe de force les individus dans une barque guidée par le seul courant du Législateur et du Publiciste.
Bastiat fait justement l’analogue du potier qui manie son argile sauf que là, ce sont des hommes – toujours suivant son idée. Ils, ces hommes, sont à même de guider leur destin car dotés d’une intelligence naturelle héritée par Dieu. Cette intelligence se traduit par la capacité pour les individus d’être spontané, d’acquérir de l’expérience, d’être prévoyant, d’apprendre de leurs erreurs, de se regrouper pour garantir leurs « droits naturels ». (Nous y reviendrons plus bas).
L’auteur se fait la critique de ces hommes qui s’autoproclament « sauveur et guide » de l’Humanité, qui veulent modeler la collectivité d’individus à leur image, coulant ainsi l’individu dans un conglomérat inerte afin d’y contenter leur propre égoïsme. Bastiat résume assez bien la situation en considérant que ces personnes ne constatent pas le fait, elles le souhaitent. Pour rebondir doublement en constatant que ces mêmes individus, arguant que l’Humanité est incapable, font partis de l’Humanité jusqu’à preuve du contraire.
Il dénonce cette loi qui est sortie de son idée de fixité de stabilité, qui est devenue le « marchand de sable », gonflant ainsi inlassablement de part des demandes incessantes de classe, de corps, de secteur artificiellement crées, demande ce qu’il faut satisfaire, et comporte le risque d’entrainer une RÉVOLUTION, c.à.d. le Chaos. La loi régissant de plus en plus de domaines, fini par spolier, autrement dit en prenant aux uns pour redistribuer aux autres, voire même prendre à tous au nom de valeurs usitées par pure « philanthropie ». La fraternité, l’Égalité par exemple. Pour Bastiat, l’instrument de ce « gonflage » de la loi est le suffrage universel, institué 2 ans avant l’écriture de son ouvrage.
Cette omnipotence de la loi finit par entraîner l’inertie, l’Homme ne s’en remet qu’à ce « prophète » artificiellement crée, conformément aux souhaits des « publicistes ».
L’homme a modifié sa propre nature en se soumettant et en bradant ses facultés.
Bastiat semble l’un des rares à avoir anticiper le danger de l’arrivée des régimes totalitaires en constatant l’existence de ces régimes qui placent la loi au centre de tout, ces mêmes régimes qui conditionnent l’Existence même par la loi. Et met en garde -dans le même temps- contre ces régimes pourtant réputés comme très démocratiques mais qui sont en réalité les moins libres. On pourrait presque y faire une analogie avec les événements récents qu’a connu le pays, justifiant la prise de mesures au combien liberticides, dissimulées derrière l’étendard de la Liberté. Mais au fait, qu’est ce que la Loi pour Bastiat ?
II –La Loi c’est la Justice
Bastiat croit en la loi, la Loi n’est qu’une force de légitime défense, une garantie des droits préexistants et fondamentaux de l’individu, à savoir : La liberté, la personnalité et la propriété. Cette « Sainte trinité » est pour l’auteur cruciale, ainsi la Loi n’est qu’au service de cette dernière et en cas d’incartade permet aux individus réunis en collectivité d’agir en légitime défense.
En dehors de ce « triumvirat », c’est à l’individu de poursuivre son destin, de part ses facultés, de sa spontanéité, de son adaptation et de sa capacité à prévoir et, comme on le disait plus haut, s’élever en apprenant de ses erreurs par l’expérience.
Notons que l’Etat n’est pas prescrit, il est minimaliste et donc est fait pour se pérenniser et ne risquerait pas de s’écrouler sous le poids des demandes insatisfaites, contrairement aux lois « socialistes ».
« La loi c’est la Justice. »
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Toutefois l’ouvrage n’est pas exempt de toute critique, Bastiat affirme que si on laisse à l’individu sa plénitude absolue il saura tout seul –par le jeu de la providence (!) se remettre sur les rails, ainsi un marché absolument libre de toute entrave -selon lui-, ne saurait conduire au monopole et donc aboutir sous une autre forme à l’avilissement de l’individu, ce qui est réfutable puisque l’individu pour se livrer au marché à besoins de moyens, ces moyens s’obtiennent quasiment toujours par la convergence de forces individuels conduisant bien souvent au monopole.
L’individu a pour base une influence -qu’il peut au cours de sa vie réadapter- et s’élève-en partie- autour de celle-ci car il est tout simplement impossible au cours d’une vie d’acquérir suffisamment d’expérience seul pour s’élever comme le croit Bastiat. On peut aussi, signaler son manque de précisions quant à la matérialisation de la « légitime défense » en cas d’atteinte aux droits fondamentaux.
Cependant, la critique est minime face à cette grande œuvre du Libéralisme, se retrouvant aux antipodes du Contrat social et du Capital.
Cette œuvre est une belle autopsie d’une « Loi » avalée sous une masse de tissus adipeux.